" />
Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Robert Injey

Blog personnel sur l'actualité politique à Nice et en France

C'est le moment.....de sortir des non-dits!

Publié le 5 Mars 2018 par injey06

C'est le moment.....de sortir des non-dits!

Ne tournons pas autour du pot : le prochain congrès du PCF est sans doute le dernier qui puisse nous permettre de rebondir, sinon nous risquons de nous transformer en une sorte de PRG satellisé dans quelques territoires avec, encore, une dizaine d'implantations fortes.

Mais pour pouvoir rebondir, encore faut-il sortir des postures, avoir le débat sur le fond et en finir avec les non-dits.

De ce point de vue, à l'exception de la contribution de Pierre Laurent suite au dernier CN, les contributions ou les notes qui sont publiées ces derniers temps sont, dans une très grande majorité, bien loin de répondre au défi. Croire que les problèmes du parti ne sont qu'affaire de communication, d'énièmes annonces sur les transformations du Parti et qu’il suffirait de « changer » l’un et l’autre relève d’une certaine illusion.

Et croire qu'un vaste renouvellement de la direction va régler le problème est tout aussi illusoire.

La raison en est simple : pour l'instant le fond de l'affaire n’est pas ou peu abordé . Trois couches de « communisme », une couche de jeunisme et une pincée de critique sur l’équipe en place ne permet pas de masquer la question qui manque dans nos débats : Se rassembler pour quoi faire et avec qui ?

Ce débat est tout à la fois le plus occulté et le plus crucial pour le parti.

Mais ce n'est pas le seul. Autre angle mort de nos « débats», le bilan de ce que nous avons pu faire bien ou pas ? Avons-nous su apprécier la réalité de la situation politique en 2016-2017 ?

Revenir sur la période cruciale 2016-2017 permet de revenir sur les choix que nous avons faits, les erreurs (mais étaient-ce toujours des erreurs ?) que nous avons pu commettre, les occasions manquées. En filigrane cela permet d’éclairer aussi les débats jamais tranchés, les non-dits, les faux-semblants.

Volontairement cette contribution se limite à la séquence 2016-2017. Mais on a vu durant ces deux années, porter au paroxysme des hésitations stratégiques et des ambiguités qui nous avons porté tout au long du quinquennat Hollande. Situation qui avaient déjà bien atteint notre crédibilité à la veille de la séquence électorale de 2016-2017. Ce n'est peut être pas la stratégie du FDG qui a échoué durant cette période, mais le fait que nous ne l'avons jamais porté jusqu'au bout, la laissant au milieu du gué...


 

Petit retour en arrière :

Janvier, février 2016 : le PCF laisse partir JL Mélenchon

Le 11 janvier le PCF, par la voix de son porte parole, se déclare intéressé par l'appel à la primaire lancé par Cohn Bendit, Jadot et d'autres. Dans la foulée le PCF prend l’initiative d'organiser les lundis de gauche qui débutent le 1er février 2016 . Début février sont annoncés outre des personnalités du mouvement social et des intellectuels, des frondeurs, des écologistes et Caroline de Haas. Aucun partenaire du Front de gauche annoncé au départ.

Politiquement et médiatiquement nous (? En réalité cela n'a été décidé dans aucune instance de décision…) faisons le choix de faire de l'aile gauche du PS et d'EELV nos partenaires privilégiés. Pour s'en rendre compte il suffit de pointer la liste des invités politiques aux lundis de gauche:

1er février : Pouria Amirshahi

8 février: Caroline de Haas

15 févier : Guillaume Ballas

22 février : Yannick Jadot

5 mars : Clémentine Autain

14 mars : Gérard Filoche

21 mars : Cécile Dufflot et Christian Paul

A l'exception de Clémentine Autain, cette liste ressemble fort au cimetière des éléphants ou au club des loosers des échéances de 2017.

Conséquence : C'est dans ce contexte d'un tout sauf JLM que celui-ci se déclare au JT de TF1 le 10 février 2016.

Ce soir-là, le porte-parole du Parti communiste déclare à l'AFP qu'elle (la candidature de JLM) "n'a été ni discutée ni décidée dans le cadre du Front de gauche". Le Front de gauche a bon dos. Nous y sommes tellement attachés qu'il faut attendre la cinquième séance des lundis de gauche pour voir une invitée du Front de gauche.

 

Février, mars 2016, : la primaire des dupes

C'est la grande période des rencontres de la gauche pour organiser la primaire. Autour de la table, le PS, les frondeurs, les Verts, de Haas, le PCF et Ensemble en observateur. Des discussions qui abordent des questions diverses comme celle du mode de scrutin à utiliser. Des discussions surtout qui irritent un grand nombre de militants communistes.

Lors de l'adoption par le CN du projet de base commune (6 mars 2016) nous maintenons une double illusion. D'une part, que Valls et Hollande ne sont qu'un clan, et d'autre part que les primaires puissent les écarter (1). Illusion car si la primaire peut écarter des hommes elles n'écartent pas les idées. Nous n'avons pas perçu que Hollande-Valls hors jeu, les électeurs sociaux libéraux auraient une solution de rechange.

 

Avril, mai 2016: la préparation du congrès.

Non sans mal, l'option d'une primaire avec le PS est écartée.

 

Juin juillet, août, septembre 2016 : le PCF largué par les frondeurs

Le 5 juin nous clôturons notre congrès avec l'adoption d'un appel «  au rassemblement dans un pacte d'engagements communs de toutes les forces populaires, sociales et politiques, qui veulent remettre la France sur la voie du progrès social et de la démocratie, et reconstruire pour cela une gauche porteuse d'espoir (…) »

et entre autres nous avançons 3 propositions 

«-Nous proposons que ce pacte d'engagements communs soit rédigé d'ici le mois d'octobre. »

«-Nous nous adresserons dès demain à toutes les forces sociales et politiques, tous les candidats déjà déclarés susceptibles de converger pour un tel mandat(...) »

«-Si plusieurs candidats issus de ces forces sont disponibles, une primaire citoyenne ou toute autre forme de processus citoyen de désignation pourrait les départager. Les communistes travaillent pleinement à un tel processus et à y engager un-e candidat-e pour y mettre en débat nos idées et y porter notre conception du rassemblement. »

Moins de 15 jours plus tard cette grande initiative stratégique devient caduque.

Le 17 juin, à la surprise de beaucoup, Cambadelis annonce la primaire. Dans la foulée Lienemann annonce sa candidature.

Le 5 juillet, Hulot n’est plus candidat à rien (du moins officiellement…).

Le 9 juillet les Verts annoncent leur propre primaire.

En août, Dufflot, Filoche, Hamon et Montebourg sont candidats, sans parler de Macron.

En clair nous nous retrouvons tout seul. A la fête de l’Huma tout le monde vient faire son marché, mais personne ne répond à notre appel.


 

Octobre 2016 : on court après des chimères

Après la fête de l'Huma, nous avons sans doute décidé de cumuler tous les handicaps. On répète à l'infini l’affirmation « Plus l'échéance va approcher, plus des millions de personnes vont prendre conscience du risque ».  C'est assez surréaliste et un peu déconnecté de la réalité. Elle fait abstraction d’une simple réalité, les gens sont en train d’effectuer leur choix en fonction du paysage politique tel qu’il se dessine. Via les primaires, mais aussi les enquêtes d’opinions ou bien encore leur implication dans la campagne des uns et des autres. Le débat est lancé et nous, force est de constater que nous sommes un peu ailleurs. En tout cas nous ne sommes plus dans le tempo, et nous n’avons pas la capacité d’imposer notre tempo. Les flops, celui de notre pétition « Vivement la gauche » (moins de 8000 signatures), après celle de l’appel des cent (moins de 2000) ou bien encore celle de Filoche, auraient dû nous interroger…

Autre chimère, l’hypothèse (à ce moment là) « Si Montebourg gagne la primaire  cela change tout ». Bigre, cela efface Macron? Non. Cela efface les 250 députés socialistes qui ont tout voté depuis 2012 et qui pour la plupart seront investis – quel que soit le résultat de la primaire - dès le mois de décembre ? Non. Ce n’est pas le moindre des paradoxes, à l’heure où nous voulons redonner la priorité aux législatives, nous raisonnons en oubliant cet aspect « quelle majorité parlementaire à gauche ? ».

 

Novembre 2016 : Le choix des communistes

Avec en perspective la conférence nationale du 5 novembre, dans un appel « Pour un choix clair », des camarades proposent l’option de désigner « une candidature issue de nos rangs pour porter nos propositions, poursuivre jusqu’au bout nos efforts de rassemblement, retirant le cas échéant notre candidat pour une candidature commune » (2)(3)

Certes on peut porter l’idée qu’il ne faut pas se rallier à JLM, pour autant faut-il s’embarquer dans des montages aussi abracadabrantesques ? Décider d’une candidature communiste, pour la retirer après la primaire du PS ? La belle affaire ! Qu’allons-nous gagner en crédibilité ?

A 55,7 % des délégués, la conférence nationale adopte cette option, alors même que Pierre Laurent a fait part de son choix pour l'option de soutien à la candidature de JLM.

Le vote des communistes fait un autre choix que celui de la Conférence Nationale, sur 40937 votants, 53,6 % s'expriment pour le soutien à JLM (En 2012 il y avait 48631 votants et 59,12%)

Novembre, décembre 2016, janvier, février, mars 2017 : Nous soutenons le candidat, souvent comme la corde soutient le pendu…

En ce mois de novembre au lieu de créer la situation pour converger dans les meilleures conditions, nos tergiversations, nos calculs nous mettent dans une situation de faiblesse.

Pendant ce temps, là où nous pouvions être à l’offensive, Mélenchon va réussir sa convention, en élargissant son assise électorale et en renouvelant, tout au moins dans l’image renvoyée, la manière de faire de la politique.

La victoire de Hamon apparaît comme une grande victoire. En définitive c'est une victoire à la Pyrrhus. Benoît Hamon a sans doute raté le coche le soir de la primaire. En donnant l'image d'un vainqueur adoubé par Cambadelis au siège du PS, il a récupéré le lourd héritage (4).

A partir de la primaire l'idée d'un retrait d'un candidat (de préférence JLM…) va être portée par un grand nombre de camarades jusqu'au mois de mars 2017. Jusqu'au moment, hasard, où JLM passe devant Hamon dans les sondages (entre le 14 et le 22 mars 2017).

Rattrapé, une semaine après le candidat du PS est déjà 5 points derrière JLM. C'est dans ce contexte d'effondrement que le 29 mars, à moins de 4 semaines du premier tour, Benoît Hamon lance un appel désespéré à se rassembler derrière lui (5). Nous donnons échos (6) à cette tentative assez ubuesque d'un candidat pour essayer d'inverser une tendance lourde qui va le voir plonger à 6,39 %.

Enfin il est à noter, en regardant les Unes de « Communistes », le supplément du mercredi dans l'Humanité, qu'il faut attendre le 5 avril pour avoir une Une qui porte sur la campagne présidentielle pour le 1er tour le 23 avril...

 

Quel bilan pouvons nous tirer de cette longue période ?

Il y a une longue succession d'erreurs d'appréciation de la situation politique.

-Erreur d’appréciation sur ce qu’est devenu le PS, mais aussi ses électeurs, car finalement 1 sur 2 électeurs de 2012 aura voté Macron.

-Erreur d'appréciation sur la réalité de la percée des idées libérales dans la société française. Avec un total gauche de 27 % difficile de dire que les idée de progrès ont le vent en poupe.

-Erreur d’appréciation sur les frondeurs. Ne nous sommes nous pas laissés bercer/berner par un discours propre à nous faire croire que Hollande et Valls n'étaient qu'un clan et que les frondeurs avaient/étaient la solution ?

-Erreur d'appréciation sur l'ampleur du rejet du PS ès qualité par l'électorat. Alors même que les tendances des élections partielles étaient claires de ce point de vue, avons nous bien appréhendé le phénomène ?

-Erreur d’appréciation sur l’importance des primaires dans le paysage politique. A l'annonce des appels pour des primaires nous avons été comme saisis d'effroi, avec la tentation de nous embarquer dans cette affaire. Comme en 2012, le candidat PS revient le jour du scrutin à son étiage d’avant la primaire.

-Erreur d’appréciation sur la capacité de JLM à rassembler.

A partir de ces erreurs d'appréciations nous avons multiplié les erreurs stratégiques et tactiques.

-Nous tardons à prendre la décision de le soutenir.

-Nous tardons à aller à un accord législatif avec JLM. De septembre à février il était dans un étiage à 12 %. Nous avons sans doute misé sur un effondrement. A 19,68 % c’est plus compliqué pour négocier.

C'est sur la base d'un non débat jamais tranché que nous avons abordé l'année 2016, en penchant fortement pour surtout ne pas faire avec JLM et envoyer les signes en ce sens

 

Et maintenant ?

Le congrès qui s'ouvre devant nous est, normalement, le dernier avant plusieurs séquences électorales (Européennes 2019, municipales 2020) et le prochain devrait tomber en pleine séquence électorale (départementales et régionales 2021).

Donc la question « Se rassembler pour quoi faire et avec qui ? » est loin d'être anecdotique.

Dans cette période et en prévision par exemple de 2020, il y a chez des camarades la volonté d'une rupture définitive avec FI et JLM pour libérer l'espace pour pouvoir faire ce que l'on veut avec le PS ou ce qui reste dans cette mouvance.

A l'inverse d'autres camarades, sans minimiser les difficultés et la possibilité d'y parvenir, considèrent qu'il faut ne pas fermer la porte à des convergences avec FI.

Ne faisons pas semblant d'évacuer ou de contourner ce débat…

 

Robert Injey

PCF 06, section de Nice

 

(1) : Extrait base commune adoptée le 6 mars 2016 :

« C'est pourquoi nous n’avons pas fermé la porte au processus de primaire de gauche. Cette démarche a ouvert le débat à gauche. Dès les premiers mois du quinquennat, nous n'avons eu de cesse de réclamer l’ouverture d'un vrai débat. C'est plus que jamais une urgence. Nous voulons l'ouvrir dès aujourd'hui avec notre peuple. La démarche des primaires peut contribuer à le faire grandir. Raison de plus pour l'investir, avec nos propositions, et le faire progresser en le rendant populaire. Il peut être un moyen utile à ce que nous voulons : écarter l'impasse Hollande-Valls et consorts par l’émergence d'une autre voie à gauche, que nous voulons rendre incontournable. La réussite de ce processus passe par une démarche réellement collective, populaire et citoyenne. Le PCF est prêt à s'y engager. »

(2) On notera que dans les signataires de l'appel « Pour un choix clair », qui aurait gagné en clarté en s’intitulant « Tout sauf Mélenchon », on retrouve déjà des signataires de l'appel «C'est le moment »...

(3) Concernant JLM, le texte porte l’appréciation suivante : « Il n’y a pas de solution idéale. Mais la candidature de Jean-Luc Mélenchon n’est plus, aujourd’hui, une candidature de rassemblement. Le « populisme de gauche » n’apporte pas de solutions réelles à la crise. »

(4) D'ailleurs si on compare les sondages post primaires de 2012 et 2017 on observe l'ampleur du recul du PS. Au lendemain de la primaire en 2011 Hollande était donné dans les enquête d’opinion entre 34 et 39 % pour finir à 28% le jour du scrutin. Hamon lui au lendemain de la primaire était donné entre 15 et 19% ! Vingt points de moins. Il sera toujours à 20 points de moins le soir du premier tour. Avons nous bien perçu ce profond rejet non seulement de Hollande et Valls, mais aussi de la force politique qu'ils représentent.

(5) Déclaration de Benoît Hamon (Extraits) « j’appelle les sociaux-démocrates intimement attachés au progrès social et à la démocratie, mais aussi le Parti communiste, les communistes et Pierre Laurent, les Insoumis et Jean-Luc Mélenchon, à réunir leurs forces aux miennes. (….) » S'estimant « le seul à pouvoir faire gagner » (...) « le seul à pouvoir conjuguer des électorats différents, des radicaux aux plus modérés »…

(6) Déclaration de Pierre Laurent le 29 mars 2016 (extraits) : « Engagé dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon,  je demande  une rencontre dans les tous prochains jours entre  Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon,  Yannick Jadot et moi-même pour créer les conditions de la victoire. C'est plus que jamais nécessaire et, désormais, possible dans la clarté. »

Commenter cet article
S
Selon moi, les erreurs viennent de beaucoup plus loin, mais il est clair qu un manque de strategie sur le long terme avec une vision complexee de notre parti n aide pas. Sur le bilan de cette periode, je m attarderai sur d autres points;<br /> Si JLM a reussi a faire 19,50%, cela veut dire que son discours a reussi avec une radicalite dont le PCF etait le porteur et dont nous avons abandonne le langage. Cela veut dire qu une partie de la population adhere a un discours a portee radicale. Pourquoi le PCF ne pourait pas en profiter lui aussi? Parce qu il a fait le choix d une strategie d alliance avec le PS, ce qui a brouiller les esprits des classes populaires. Je ne crois pas que JLM soit plus intelligent que nous, et je suis d accord avec lui pour ne pas m accrocher a un corbillard (le PS). Je pense que JLM est ephemere, deja beaucoup de camarades qui ont vote pour lui commence a ne plus le supporter. Mais l envie de balayer la societe actuelle existe, et cest a nous de proposer une autre societe. Un espace s ouvre entre un PS en perdition et une FI dont je vous le dit, ne survivra pas a JLM. Ils faut oser sinon c est fini pour nous........
Répondre