Un drame humain se déroule sous nos yeux, transformant la mer Méditerranée en vaste cimetière. L'Union européenne s'indigne. Mais la décision de l'UE de mettre fin au dispositif italien « Mare nostrum » dont les bateaux allaient jusqu'à l'approche des côtes africaines, par deux simples dispositifs Frontex, Triton en Italie et maintenant Poséidon en Grèce, de surveillance des côtes européennes, a donné l'illusion que le renforcement des mesures de sécurité était la solution. Il n'en est rien.
Bien au contraire, cela a ouvert la voie aux naufrages à répétition en pleine mer. Elle envisage à présent une intervention militaire pour « identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu'ils ne soient utilisés par les trafiquants » sans qu'il n'existe de véritable option crédible à ce jour. L'UE n'est pas à la hauteur de la tragédie humaine en cours en Méditerranée. Il n'y a pas de solution militaire aux tragédies migratoires ; il n'y a de solutions que politiques, économiques et sociales.
Sous nos yeux un crime majeur contre l'humanité se déroule. En 2014, ce sont l'équivalent de deux naufrages du Titanic qui ont eu lieu. En dix ans, plus de 22 000 personnes sont mortes noyées sur des bateaux de fortune.
À toutes les familles qui ont perdu un ou une proche nous tenons à dire que nous partageons leur immense douleur et leur profonde révolte. Nous saluons chaleureusement toutes les femmes et les hommes qui, au quotidien, essayent de venir au secours des réfugié-e-s, les personnels des secours maritimes et des ONG, ainsi que les habitants des côtes italiennes qui ont réaffirmé leur pleine solidarité avec les migrant-e-s.
L'UE ne peut continuer d'ignorer que ces enfants, ces femmes, ces hommes essaient de sauver leur vie en échappant à la guerre, aux persécutions, des crises économiques dramatiques, aux conséquences du réchauffement climatique qui créent des conditions de vie désastreuses dues directement ou indirectement à des politiques dont l'UE porte la responsabilité.
La priorité des priorités de l'Europe est d'abord de sauver les vies. Il est indispensable de revaloriser les structures et les moyens de recherche, de sauvetage et d'accueil en Méditerranée. Il faut une solidarité et la mobilisation de moyens sans précédent.
L'UE doit aussi redéfinir sa politique des visas respectant les droits de l'Homme, de la Femme et de l'Enfant. Elle doit être solidaire des pays méditerranéens de premier asile, et garantir la juste répartition des charges de l'aide économique et de l'accueil.
C'est pourquoi nous préconisons l'abrogation des règlements de Dublin.
Il faut garantir une entrée sécurisée et légale à tous les réfugié-e-s et migrant-e-s, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Les conditions d'accueil des réfugiés sont indignes de l'U.E.
Ces femmes et ces hommes sont les victimes de situations créées par les guerres et la guerre économique marquée par l'exploitation, la domination et la prédation des richesses. Les trafiquants ont bien retenu leur leçon de libéralisme en pratiquant la marchandisation de la détresse humaine et de l'espoir d'un mieux vivre ailleurs.
La tragédie qui se déroule en Méditerranée est une tragédie internationale qui nécessite une réelle mobilisation internationale sous égide l'ONU et un engagement réel des pays membres de l'UE qui passe, en ce qui la concerne, par un changement de politique envers les pays de la Méditerranée.
Les Etats de l'UE, dont la France ont une responsabilité particulière. On ne peut pas intervenir militairement en Libye, en Syrie, en Irak sans se préoccuper du sort des populations civiles. On ne peut pas intervenir économiquement, exiger des plans d'ajustement structurel et d'austérité, mettre en place des traités de libre-échange avec les pays du pourtour de la Méditerranée sans se préoccuper des conséquences pour les populations. On ne peut faire l'impasse sur des siècles de politiques coloniales qui ont vidé le continent africain ou le Proche et Moyen-Orient de ses richesses, de la maîtrise de ses ressources, de la liberté de ses habitants sous des régimes autoritaires complices de cette prédation.
En 2015, il est plus que temps d'inventer une véritable politique de coopération et de développement.
Aucun des engagements pris pour porter à 0,7 % du PIB la part de la coopération et de l'aide au développement n'a été respecté par les pays développés. La France est à 0,36 %, le recul est de 16% pour l'ensemble des pays bailleurs de fonds !
Il est besoin de faire de l'ONU, comme cadre multilatéral de décision et d'action, le coeur du processus de résolution de la catastrophe qui est en cours.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit appuyer les actions du Secrétaire général et de ses émissaires pour le règlement pacifique des conflits en cours.
Le Conseil de sécurité doit mettre à son ordre du jour le débat sur des mesures de solidarité réelles pour réduite les inégalités sociales et économiques qui explosent. C'est un nouveau plan mondial avec des objectifs précis qui doit se mettre en place, avec des moyens nouveaux et conséquents pour sa mise en oeuvre.
Dans ce cadre, la France par le biais de sa politique extérieure et européenne a un rôle d'impulsion et de conviction à jouer. Elle doit changer sa politique d'accueil des migrants. Elle doit prendre part comme les autres pays européens à la prise en charge de migrants de manière digne et suivi, à l'inverse de ce qu'elle fait actuellement à Calais, par exemple. La France n'est jamais si belle que quand elle se bat pour ses principes républicains: Liberté, Égalité, Fraternité.
Le PCF propose 9 mesures d'urgence :
Ces mesures peuvent être prises sans attendre pour que la Méditerranée cesse d'être un vaste cimetière marin.
La Méditerranée doit redevenir le berceau de l'humanité et d'échange qu'elle a été au long des siècles :
L'UE doit :
- Abroger les règlements Dublin et,
- Soutenir dans leur politique d'accueil les pays méditerranéens de premier asile : la Tunisie, le Liban, l'Algérie.
- Garantir le respect des conventions internationales garantissant les droits de l'Homme, de la Femme, de l'enfant et des réfugiés. Les ONG, le HCR, les associations doivent être entendues.
- Garantir une entrée sécurisée et légale pour les réfugiés et les migrants.
- Revaloriser les structures de gestion de l'immigration et de recherche et de sauvetage en Méditerranée.
- Redéfinir sa politique des visas respectant la protection des personnes.
- S'engager résolument dans les initiatives diplomatiques de l'ONU pour la résolution politique des conflits en Syrie, en Irak et en Libye ; et dans la lutte pour le démantèlement des filières du djihadisme et de ses soutiens financiers, humains et matériels.
La France doit :
- Demander une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU,
- pour la mise en place d'un plan mondial de solidarités et d'actions nouvelles avec pour objectif la réalisation concrète du plan de lutte contre les inégalités sociales et économiques
- pour la relance de l'aide publique au développement avec le respect des promesses la portant à 0,7 % du PIB et monter progressivement cette aide à 1 %