On ne pourra pas reprocher aux communistes de n'avoir rien tenté pour que se dégage une seule candidature à la gauche d’Hollande. Aujourd'hui, peu importe de savoir si la partie était jouable ou pas, il faut maintenant agir en fonction de la situation réelle.
4 constats :
1/ Toutes les personnalités politiques que nous avons invité dans le cadre des Lundis de la gauche, à l’exception de Pouria, toutes sont embarquées dans une des primaires ou dans le soutien de Mélenchon.
2/ La gauche du PS est engluée dans sa primaire avec la possibilité notable de soutenir Hollande à l’arrivée. La position de Martine Aubry a éclairci un certain nombre de choses de ce côté-là.
3/ Pour à celles et ceux qui pensent encore que la primaire de Cambadelis peut permettre de sortir Hollande du jeu, une simple remarque : Hollande battu, outre la crise que cela ouvre au PS, et dont ne veulent pas Cambadelis, Valls et Aubry, les électeurs sociaux libéraux, tout au moins une partie d’entre eux, ont déjà une candidature en piste : celle de Macron.
4/ Tout le monde est dans la perspective d'une recomposition politique de la gauche. Valls, Cambadélis, Montebourg Aubry dans le cadre d'une hégémonie du PS sur la gauche, Mélenchon avec les insoumis, Macron ou bien encore Dufflot. Tous réfléchissent l'après 2017. Je ne pense pas qu'une candidature communiste soit pour nous la meilleure manière d'aborder cette recomposition, sauf à vouloir rajouter de la division ….
A partir de là, à mon avis, il ne sert à rien de botter en touche ou repousser les échéances dans l’espoir d’une solution miracle qui n’existe pas.
Il faut essayer de travailler à une solution qui permette de reconstruire une gauche porteuse de l’alternative.
Une solution qui évite d’en rajouter à l’éparpillement des forces.
Une solution qui nous permette de sortir du marasme actuel et de nous projeter sur l’avenir en toute lucidité et sans le moindre angélisme.
Ne tournons pas autour du pot, dans le périmètre de nos électeurs, il y a la candidature de Mélenchon.
Des camarades pouvaient penser, en janvier, qu’avec une primaire on passait par-dessus cette candidature. Ce n’est pas le cas.
D'autres pouvaient penser que sa candidature allait s’essouffler, ce n’est pas le cas non plus.
Des camarades pouvaient penser ou espérer beaucoup de choses, mais aujourd’hui sans le Parti Communiste, il est déjà fortement installé dans le paysage de 2017. Avec des sondages qui le placent à un étiage conséquent eu égard à la situation à gauche.
Il est par ailleurs, totalement illusoire de croire et de faire croire que nous allons faire grandir une autre candidature.
Sur ce point, à cinq mois du dépôt des parrainages, nous ne sommes plus là dans le champ de l'action politique, mais dans celui de l'incantation d'une « candidature de rassemblement » totalement virtuelle. Si dans une élection locale, on peut se déclarer tardivement, la présidentielle a un rythme bien différent. Combien de fois n'avons nous fait le constat que nous partions bien tard (2007, mais aussi 2012) ?
Donc je continue de penser que nous sommes dans la nécessité politique de trouver les processus et les formes pour atterrir ensemble tout en conservant notre autonomie.
Nécessité d'essayer de renouer un véritable dialogue qui n’existe plus depuis longtemps.
Nécessité d'essayer de dépasser les difficultés qui existent.
Cette tentative il nous faut l’engager dès à présent pour qu’à la conférence nationale nous puissions, dans les propositions à soumettre aux communistes, présenter quelque chose de concret.
Pour essayer de formuler les choses je fais une proposition de formulation pour le relevé de décision :
« Nous avons ouvert une porte en Janvier pour construire une seule candidature à la gauche d'Hollande, mais après Mélenchon, la gauche du PS et EELV l’ont refermé. Les raisons des uns et des autres sont différentes. Nous le regrettons car cela réduit les possibilités.
Mais dans le chaos politique où se trouve la gauche aujourd’hui, il n'est pas question pour les communistes d'en rester au simple constat.
Nous prenons nos responsabilités pour tenter de préserver les chances d’une dynamique, ouvrant la perspective d’une alternative possible aux logiques libérales, à la droite et à son extrême.
Dans la situation actuelle la candidature de Jean Luc Mélenchon émerge, sans pour autant être en mesure, pour l’instant, d’empêcher le scénario catastrophe.
Il manque des millions de voix pour y parvenir, Le PCF souhaite engager une véritable discussion avec Jean Luc Mélenchon et l'ensemble des partenaires du Front de gauche , mais aussi les forces et personnalités encore disponibles, pour débattre, dans les jours qui viennent, des conditions pour engager cette véritable dynamique et du contenu nécessaire pour parvenir à cette convergence à l'élection présidentielle et aux législatives.»
Une dernière remarque, on peut penser que c'est impossible. A lire les uns et les autres sur les réseaux sociaux, le sentiment qui domine c'est plus celui d'une guerre fratricide qu'autre chose.
Alors en cette journée internationale de la paix (nb : intervention prononcée le 24 septembre), rappelons-nous qu'il n'y a pas de paix sans volonté politique, sans dialogue et sans les gestes qui le permettent.
Et aujourd'hui plus que jamais, ne renvoyons pas la responsabilité qu'aux autres. La balle est aussi dans notre camp.