Hamon et Mélenchon se sont rencontrés, ainsi que Laurent et Mélenchon… discuter c’est toujours mieux.
A écouter les uns et les autres, de l’abrogation de la loi travail à l’affaire de la sixième République, les sujets tendent à converger. Tant mieux !
Beaucoup appellent à une candidature unique pour que tous se retrouvent au 1er tour de la présidentielle face à la droite et l’extrême droite, une pétition circule sur internet.
Tout cela est positif. Nonobstant, si la chose est possible, qui sera le candidat, quel sera le contenu programmatique d’un pacte de majorité, reste une question qui, pour l’instant, est un peu évacuée dans le débat : « quelle majorité parlementaire pour abroger la loi travail, engager la transition écologique, s'attaquer à la finance, engager un processus constituant vers la 6è République, (…) ? »
Le PCF a eu raison de pointer, depuis plusieurs mois, que c’est le parlement qui vote les lois (et donc là aussi où elles s’abrogent).
Or, ce n’est pas le moindre des paradoxes, si Benoit Hamon a gagné la primaire sur un contenu, le PS a validé des candidatures aux législatives qui, pour 80%, portent un autre contenu et ont soutenu tous les textes sous Ayrault et sous Valls. Sur un groupe socialiste de 292 membres, il y a au maximum 50 frondeurs. Il y avait 18 EELV avant les départs et 15 Front de gauche. 80 députés pour porter une alternative quand la majorité parlementaire est à 289, ce n’est pas crédible !
On fait comment ???
Tout accord d’un pacte de majorité est caduc s’il n’y a pas la majorité parlementaire qui y correspond.
Mélenchon, Jadot, Hamon, Laurent se déclarent favorables à la proportionnelle.
Chiche! Il n'y a qu’à la mettre en œuvre en anticipant sur la 6è. Ce qui concrètement signifie que sur les 320 circonscriptions gagnées et gagnables par la gauche, des candidats Insoumis, EELV, Ensembles!, communistes ou bien encore de la société civile soient titulaires dans 160 à 200 circonscriptions. C’est nécessaire pour que la victoire face à la droite et son extrême ne se traduise pas par une nouvelle spirale de la déception.
Car de quoi souffre la gauche aujourd’hui. De ne pas avoir su se rassembler ? Elle n’a cessé de l’être, si ce n’est pas au premier tour, c’était toujours au second tour.
Non le mal terrible qui gangrène, qui tue la gauche à petit feu c’est celui des ambiguïtés et des renoncements. C’est celle d’une gauche qui affirme une chose le lundi et fait autre chose le mardi. Voilà le mal mortifère qui nous gangrène.
Malheureusement si nous pouvons espérer quelque chose de Benoit Hamon, force est de constater que nous n’y sommes pas encore. L’affaire du CETA en est un exemple révélateur. Le gouvernement socialiste est pour, le groupe à l’assemblée s’abstient sur la proposition des députés communistes d’un référendum sur le CETA et au parlement européen les députés socialistes français votent contre. Tout le monde au PS y trouve son compte, la "synthèse" est réalisée, mais le peuple lui est couillonné !
Aujourd’hui si un pacte de majorité n’est pas porté par une majorité qui en soit le reflet, nous allons vers une profonde désillusion. Car si battre la droite et son extrême est une condition nécessaire, ce n’est pas une condition suffisante pour en écarter le danger.
L’histoire récente en est l’illustration.
Ainsi l’examen des scores du FN à la présidentielle révèlent plusieurs choses;
Entre 1988 et 1995, le FN est stable au 1er tour avec des scores de 11,43 à 11.66% des inscrits. En 2002, premier bond en avant. Le Pen + Megret représente 13,28% des inscrits, 13,43% au second tour. En 2007 avec le positionnement de Sarkozy, Le Pen marque un niveau très bas à 8,62% des inscrits. En 2012 Marine Le Pen retrouve et améliore légèrement le niveau du second tour de 2002 avec 13,95% des inscrits. En 2017 toutes les enquêtes pointent un nouveau bond, sans précèdent par l’ampleur annoncée, de l’ordre de 20% des inscrits au premier tour, sans doute entre 25 et 30% des inscrits au second tour.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là,
Pourquoi l’extrême droite franchi en nouveau seuil après la gauche plurielle et après les 5 ans d’Hollande ???
A force de ne pas s’interroger sur les raisons endémiques de ces échecs, clamer « il faut l’union, il faut l’union » ne fait que repousser l’échéance si on perd de vue que l’union ne sert à rien si elle n’est pas utile aux gens pour changer leur vie.
Alors est-il possible d’entrevoir un pacte de majorité qui ne se traduise pas, aussi, par une majorité parlementaire qui y corresponde ?