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Robert Injey

Blog personnel sur l'actualité politique à Nice et en France

Estrosi se lâche, ciotti se fâche

Publié le 9 Mars 2018 par injey06

Estrosi se lâche, ciotti se fâche

Les deux leaders de la droite départementale ont-ils décidé de fêter, à leur manière, les 100 ans des studios de la Victorine en nous livrant un feuilleton sans fin sur le thème alliances & trahisons ?

Pas un jour sans que l’un accroche l’autre, sans que les seconds couteaux jouent les Tontons flingueurs, sous les regards effarés des électeurs de droite qui n’ont toujours pas digéré la descente aux enfers de la campagne Fillon. Les semaines qui viennent de s’écouler nous ont livré un spectacle assez sidérant.

Acte 1 : Le 17 février, Christian Estrosi à la recherche d’un élargissement de son assise électorale, désigne 8 personnalités niçoises, chargées de lui faire des propositions dans leur domaine de compétence. Dans les nominés, Caroline Reverso-Meinietti, celle-là même qui avait donné des sueurs froides à Eric Ciotti lors des dernières législatives. Un « recrutement »(1) qui provoque un accès de colère dans les rangs azuréens tant à l’Ouest qu’à l’Est du département.

Acte 2 : Le 2 mars, sans trop s’embarrasser des demandes de clarification et des exigences de réunir les instances départementales de LR, Christian Estrosi reçoit en grande pompe le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur. Avalanche d’amabilités et de compliments entre les deux hommes, digne d’une remise des Oscars. Pour le Premier ministre : « Ce qui me frappe quand je vois Nice, vos projets, c’est l’appétit avec lequel vous regardez l’avenir. J’aimerais qu’en tant que Nation, nous soyons inspirés par cet exemple... » Pendant ce temps-là Éric Ciotti boycotte la rencontre et dénonce en parlant de la police de sécurité au quotidien « une réalité cosmétique » et un « artifice de communication ».

Acte 3 : Le lundi 5 mars, ce n’est pas Retour vers le futur qui se joue en mairie de Nice, mais un retour vers le réel, celui d’une Métropole qui, malgré les coups de pouce de la Région et de l’État, est financièrement exsangue. Mais comme chaque fois qu’il est en difficulté, Christian Estrosi préfère prendre l’offensive plutôt que subir. C’est sans doute une qualité dans la vie au quotidien, mais quand cela concerne les finances publiques, cela ressemble plus à une tentative de masquer une fuite en avant. Et de ce point de vue les chiffres sont assez parlants. Il y a quelques mois, le 7 septembre 2017, pour les 5 ans de la Métropole, Christian Estrosi se félicitait du 1,8 milliard investi par la Métropole. En moyenne, un investissement annuel sur la période 2012-2017 de 340 millions d’euros. Le 5 mars 2018, Christian Estrosi annonce 420 millions d’investissements sur la période 2018-2020, soit 140 millions d’euros par an. Malgré les effets d’annonce sur les réalisations futures, difficile de ne pas constater l’effondrement des investissements de la Métropole.

À cela s’ajoute la création d’un impôt métropolitain de 6,4 % sur le bâti et la vente des parts de la Métropole sur l’aéroport. Effondrement des investissements, création d’un impôt, vente du patrimoine, tous les indicateurs sont là d’une Métropole qui est déjà financièrement à bout de souffle. Il y a des explications extérieures (baisse des dotations de l’État), mais il y a aussi là le résultat de choix coûteux pour la collectivité. Il en est ainsi de l’option tunnel du tramway qui, à elle seule, représente près de 300 millions d’euros.

La méthode Estrosi touche là une de ses limites. Celui qui pensait sans doute se faire réélire tranquillement sur son bilan se voit rattrapé par son vieux démon : l’endettement.

Ses adversaires à droite ne s’y trompent pas. L’annonce de la création d’un nouvel impôt a suscité un véritable déchaînement dans les rangs de la droite, en particulier sur Twitter, version Massacre à la tronçonneuse.

On savait que la politique est loin d’être un long fleuve tranquille, la droite azuréenne en fait une nouvelle fois la démonstration. La série risque de lasser le spectateur.

Encore deux ans avant les municipales, cela fait long surtout quand les problèmes dans la vie de tous les jours s’accumulent. Mais ça ce n’est pas la préoccupation première des deux protagonistes.

Robert Injey

1) Ces missions ne donnent pas lieu à rémunération

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