«On parle d'une baisse des dotations versées par l'État aux collectivités locales d'une dizaine de milliards d'euros par an». En lâchant cette information, Jean-Claude Boulard, maire PS du Mans qui siège au sein de l'Association des maires des grandes villes de France, vient de révéler les intentions du gouvernement pour l’après municipales. Les membres du gouvernement ont faiblement contesté cette annonce et pour cause. Déjà dans les faits, depuis deux ans, l’Etat a réduit les dotations d’1,5 milliard.
Aujourd’hui la volonté est d’aller plus loin, beaucoup plus loin.
La décision d’une nouvelle réduction devrait intervenir au lendemain des échéances municipales, dans le cadre du programme de stabilité présenté en avril. Ce programme est la contrepartie des cadeaux lâchés au MEDEF. Ce que Hollande donne d’un côté, il veut aujourd’hui le récupérer sur le dos des collectivités locales.
Une logique mortifère pour l’avenir de nos collectivités et par la même des ménages, sur des questions qui touchent au quotidien de nos concitoyens.
Car, quand on réduit les moyens des collectivités à quoi touche-t-on?
Si je prends les différentes rubriques de la politique publique de n’importe quelle commune : action sociale et familiale, petite enfance, logement, tranquillité publique, jeunesse, vie scolaire, culture, sport….
auxquelles s’ajoutent ce qui relève de la Métropole, comme le logement, le transport, l’eau, l’assainissement, le nettoiement et j’en passe…
Voilà la liste des victimes de l’austérité imposée.
On peut prétendre que les ménages ne seront pas affectés. La réalité est tout autre, c’est sur les ménages des classes moyennes et populaires que s’effectue déjà la ponction pour compenser les cadeaux accordés aux rentiers et autres actionnaires, avec la hausse de la TVA. C’est sur eux que vont s’exercer les pressions à venir.
Et qui dit austérité dit aussi explosion des inégalités (1).
Très concrètement 10 milliards de dotations globales en moins qu’est ce que cela représente à l’échelle de Nice ?
Plus de 53 millions d’euros !
53 millions d’euros, c’est plus que le montant des investissements prévu, chaque année, dans le budget primitif de la ville de Nice présenté par Estrosi pour la période2014-2020 !
53 millions d’euros, c’est l’équivalent de la gratuité des transports sur l’ensemble de la Métropole.
53 millions d’euros, c’est 1/3 de l’effort financier que doit faire la ville de Nice pour parvenir à 20% de logements sociaux.
Pour compenser cette diminution, la tentation sera grande de faire peser sur les ménages les cadeaux accordés aux marchés financiers.
Très concrètement, pour la commune de Nice, le produit fiscal des 3 impôts (Taxes d’habitation, foncière et foncière sur le non bâti) par habitant est de 766 euros en 2013 et 783 euros en 2014, en tenant compte des abattements ! (2)
Pour compenser le hold-up du gouvernement il faudrait que le produit fiscal passe de 783 à 937 euros par habitant, soit une hausse de près de 20%.
Voilà ce qui est en train de se tramer dans notre dos.
A Nice, les Niçoises et les Niçois sont déjà victimes d’un maire-candidat qui privilégie le paraitre au détriment du bien être et qui plombe financièrement la ville et le Métropole pour des décennies.
A cela s’ajoute la politique d’austérité du gouvernement qui fait payer au plus grand nombre les cadeaux accordés à une minorité de rentiers et d’actionnaires.
Dans ce contexte, le vote du 23 mars doit sonner tout à la fois comme un vote de refus des politiques d’austérité et un vote portant une exigence d’une véritable justice sociale.
Robert INJEY
(1) Ainsi alors que le SMIC a augmenté péniblement de 1,1% au 1er janvier, soit 12 euros par mois qui ne vont même pas compenser la hausse de la TVA, les 500 plus grandes fortunes de France ont prospéré de + 25% en 2012 ! Gagnant ainsi en valeur quelque 66 milliards d’euros en un an.
(2) Un montant déjà très élevé en raison de la valeur locative cadastrale à Nice. Dans les villes de même importance le montant est moindre. Il est à Lille de 558 euros pour 2013, dans les villes de plus de 150 000 habitants la moyenne se situe à 610 euros.