Odieux ! Il y a pas d'autre mot pour qualifier le sondage, qui a figuré pendant quelques heures sur le site du Figaro, posant la question aux internautes s’ils estimaient « suffisante la condamnation des musulmans de France » au sujet de l'assassinat d'Hervé Gourdel .
Alors que les musulmans sont les premières victimes de ce terrorisme (1), cette suspicion n'est que le reflet d'un racisme ordinaire pour qui la religion musulmane serait intrinsèquement dangereuse. Depuis le 11 septembre et les théories sur le choc des civilisations cette idée nauséabonde est en vogue dans certains milieux. En vérité, comme différente religion où idéologie, la secte de l’État Islamique dévoie une religion pour tenter de donner une justification à des actes odieux. La chose n'est pas nouvelle : du génocide des amérindiens, à celui des arméniens ou de la population Khmere en passant par l'horreur nazi, ou les crimes de la colonisation au nom de la civilisation , nul continent n'a été épargné, nulle religion, nulle idéologie ne sont à l'abri d'être dévoyées. Pointer la responsabilité des États, leur complaisance, est une chose. Suspecter tout individu de par sa religion -supposé- en est une autre. Cette stigmatisation récurrente tend à diviser une partie de notre peuple, à diviser notre société, là où il y a urgence à favoriser le vivre ensemble.
Robert Injey
(1) Pour en rester à l'Algérie, pendant les années noires entre 1991 et le débuts des années 2000 le nombre de victimes est de l'ordre de 100 000 personnes avec des massacres de villages entiers (Thalit, Bentalha...) par les terroristes. De la même manière aujourd'hui en Syrie et en Irak les victimes les plus nombreuses de l'EI sont de confessions musulmanes.