(Article publié dans le Patriote le 15 mai. RI)
Les drames des migrants en Méditerranée éclairent, de manière dramatique, les multiples facettes du cynisme des politiques mises en œuvre en France et en Europe.
Il y a d'abord la compassion de circonstance, très sélective. Il y a quelques semaines, au moment où des centaines de migrants se noyaient en Méditerrané, nous célébrions le centenaire du génocide du peuple arménien. En France et à Nice, il y a eu une belle unanimité de la classe politique pour dénoncer ce génocide et le silence du gouvernement turc. Mais au même moment, une partie de cette classe politique, cherchant toujours à coller au plus près aux thèses de l’extrême droite, à l'image de Christian Estrosi et d'Eric Ciotti, «exigeaient» qu'aucun migrant ne pose le pied en France. Une question ne manque pas de se poser : les mêmes auraient-ils refusé le droit d'asile aux 58 000 Arméniens qui ont débarqué à Marseille en 1922-1924 ? Les auraient-ils renvoyés dans leur pays affronter leurs bourreaux?
Aujourd'hui, face aux guerres qui déchirent la Libye, la Syrie, le Soudan, le Yémen et tant d'autres pays de la région ; renvoyer des peuples devant leurs bourreaux, c'est ce que nous proposent certains. Faudra-t-il attendre près d'un siècle, comme a propos du peuple Arménien, pour se rendre compte du drame qui se joue autour de la Méditerranée ?
Une attitude d’autant plus insupportable que les pays occidentaux ont une lourde responsabilité dans l’explosion de ces flux migratoires, à l’image de leur responsabilité dans l’extension des zones de guerres ou bien encore dans le réchauffement climatique.
Et loin de s’arrêter notre gouvernement, véritable VRP des marchands d’armes, en rajoute. Au drame des guerres et des massacres « scénarisés » par Daesch, aidé de longue date par des puissances de la région, comment ne pas être scandalisé par le rôle de la France dans la militarisation de cette zone géographique et au-delà !
Les ventes de Rafales à l’Égypte, l'Inde et le Quatar, avant celles sans doute aux Émirats Unis et à l'Arabie Saoudite, ne font que renforcer les risques d'extension des conflits dans cette région du monde, à l’image de ce qui se passe au Yémen. Avec à la clé de nouveaux exodes, de nouveaux migrants, de nouveaux drames.
Les guerres en Irak, en Libye n'ont décidément pas servi de leçon à nos gouvernants, trop satisfaits d’engranger des marchés, d'écouler leurs stocks. Leur vision géopolitique ne va pas au-delà de la prochaine échéance électorale.
Aujourd'hui, celles et ceux qui, fuyant la guerre et la misère, se noient en Méditerranée paient le prix lourd du cynisme de nos gouvernants.