En regardant, mercredi sur TF1, Jean Luc Mélenchon faire son annonce pour 2017, le premier sentiment que cela m’inspire c’est une profonde exaspération.
Le scénario est déjà compliqué, mais plus que jamais le commun doit prévaloir.
Depuis plus de 20 ans, nous subissons les mêmes politiques qui produisent les mêmes effets : toujours plus de cadeaux aux plus riches, toujours plus de chômage et de précarité pour la majorité d'entre nous, toujours moins de pouvoir d'achat, toujours moins de protection sociale et de services publics....
Tout cela est voulu et soutenu par un MEDEF qui en veut toujours plus.
La droite, et depuis 2012 Hollande, Valls et la direction le PS, ont appliqué ces politiques avec zèle, anticipant les exigences du MEDEF.
Maintenant, avec l’affaire de la déchéance de la nationalité et de la constitutionnalisation de l’état d’urgence, ce gouvernement court après les thématiques les plus réactionnaires de notre pays, rompant avec l’esprit de la République.
Sommes-nous condamnés au pire ?
Sommes-nous condamnés à devoir nous soumettre aux exigences des actionnaires?
Sommes-nous condamnés à la guerre des égos et à l’émiettement de celles et ceux qui partagent au moins la volonté de transformation sociale ?
Sommes-nous condamnés à rester les simples spectateurs d’une pièce qui va décider, ni plus ni moins, de notre avenir et de celui de nos enfants ?
Sommes-nous condamnés à subir le scénario du pire en 2017 ?
Je ne le pense pas.
Nous sommes sans doute une majorité à gauche à avoir soif de vivre, soif de justice sociale, de progrès, de liberté, d'égalité et de fraternité.
Une majorité à ne pas vouloir subir la séquence 2016-2017.
Au-delà des motivations, parfois différentes, de ceux qui les portent, la multiplication des appels pour des primaires traduit une aspiration à pouvoir décider.
Mais décider de quoi au juste ?
Décider de désigner un seul candidat de gauche pour 2017, quand bien même celui-ci pourrait porter la continuation des politiques désastreuses depuis 2012 ? Très peu pour moi.
Désigner un/une candidat-e qui porte une alternative de gauche aux politiques que nous subissons et qui redonne une espérance ? Je préfère et pour 2017 c’est la seule chose qui puisse déjouer le scénario à 3.
Et dans ce cas, sur quelle base, sur quelle plateforme, quelles engagements ? Cela doit-il être le fruit d’une élaboration et d’une validation collective, ou devons-nous nous rallier à un programme déjà « ficelé ».
Les questions sont nombreuses dans les têtes, alors que nous assistons à des manœuvres politiciennes dans tous les sens.
Celles d’une gauche du PS qui essaye de contraindre Hollande à une primaire pour s’en débarrasser, celles d’une partie de la direction du PS qui tente de reprendre la main, celles d’un Valls qui calcule sur l’échec de Hollande pour se projeter sur le coup d’après en 2022... La liste est longue.
Une chose est certaine cependant, ce qui se joue en 2017, c’est le risque de la disparition, dans ce pays, des courants politiques qui portent la transformation sociale. C’est le risque de voir disparaitre, pour de longues décennies, une espérance sociale qui rime avec progrès et solidarité.
Dans cette situation la précipitation n’est pas la meilleure chose à faire.
Prenons le temps de réfléchir ensemble
Ne vaut-il pas mieux s’arrêter, un instant, pour réfléchir.
Réfléchir collectivement sur un processus subversif pour renverser la logique mortifère de la présidentialisation.
Processus subversif par exemple, en inversant la logique « Proclamation du candidat puis présentation du programme ». Faisons précéder « la primaire » pour le choix d’un candidat par une élaboration et une validation collective (pourquoi pas au travers d’une votation) d’une plateforme portant l’ambition collective d’une alternative de gauche aux politiques libérales.
Après cette première phase du processus, une seconde pourrait avoir lieu pour désigner celui ou celle mieux à même de porter cette plateforme lors de l’échéance présidentielle.
Un tel processus, ou quelque chose de cet ordre liant élaboration et désignation est-il, souhaitable, concevable et possible?
Peut-être avant d’aller plus en avant dans le débat des primaires, ou bien d’apporter son soutien à tel ou tel candidat autoproclamé, faut-il pousser ce débat.
Ce temps de la réflexion et de la construction collective est indispensable, car sinon nous n’auront devant nous que des choix par défaut et une indifférence populaire.