Sans surprise l'élection partielle dans la 5e circonscription a été marquée par une très forte abstention - plus de 76 % sur l'ensemble de la circonscription, plus de 81 % sur Nice. Au final 20 553 électeurs se seront déplacés sur 88 081 inscrits.
Une réalité qui pour les candidats du Front de gauche, Philippe Pellegrini et Florence Ciaravola traduisent à sa manière : « une forte défiance de nos concitoyen-ne-s à l’égard d’une démocratie représentative qui les représente de moins en moins et où, réforme après réforme, les populations sont éloignées des centres de décisions. » .
Grâce à une forte mobilisation de l'appareil des Républicains, Marine Brenier arrive en tête, avec 47,44 %, et améliore le pourcentage de Christian Estrosi de 2012 (44,23%). Un résultat qui lui permet de maintenir à distance le candidat du Front National (30,75%) et d'envisager une victoire assez large au second tour.
A gauche ce scrutin est marqué par deux phénomènes. L'effondrement du PS tout d’abord. Certes, c'était une première pour Chaama Graillat la candidate socialiste, mais le score de dimanche (6,49%) est très loin des 25,18 % de Paul Cuturello en 2012, et marque un nouveau recul sur le score des Régionales. L’explication de Xavier Garcia, premier secrétaire du PS 06, donnée dans Nice-Matin, est assez surréaliste : « une lourde défaite, qui démontre que la politique du gouvernement n'est pas comprise ». Comme toujours pour un gouvernement en difficulté c'est le peuple qui n'a pas compris... (1)
Le score réalisé par les candidats du Front de gauche est, lui, en nette progression. Des 3,94 % aux législatives de 2012, il passe à 7,51 % et progresse parfois très fortement dans des communes du haut pays. Sur Nice, dans un secteur peu favorable électoralement au Front de gauche, Philippe Pellegrini et Florence Ciaravola réalisent près de 7 %. Pour le communiste Philippe Pellegrini ce score est « le résultat d'une forte implication militante, en particulier dans les vallées, et d'une campagne où nous avons fait le choix de lier les questions sociale et écologique. ».
A l'heure où beaucoup s'interroge sur le devenir du Front de gauche, ou certains l’ont même déclaré « mort », le résultat de cette partielle rappelle, avec une certaine force, que le Front de gauche, malgré toutes les difficultés, correspond à une réalité électorale et à une attente politique. Pour autant, dans un contexte de très forte démobilisation d'une partie de l'électorat de gauche, l'effort à fournir pour re-ouvrir une perspective d'espoir et de progrès demeure immense. Il n'y a aucun automatisme à ce que l'effondrement des uns, ce traduise pas une progression des autres. Être capable d'aller remobiliser les abstentionnistes de gauche, c'est tout le défi pour la gauche de transformation sociale dans la période à venir.
Robert Injey
- Sur le total des partielles qui se sont déroulées en 2015 et 2016 (2+6), portant sur plus de 353000 exprimés, le PS passe de 35,20% à 19,79%. Un recul de plus de 15 points. Mais le recul est encore plus fort si on ne prend en compte que les partielles de 2016 (sur plus de 267 000 exprimés). Le PS passe de 36,69% en 2012 à 17,34% en 2016, soit un recul de plus de 19 points ! Le FN et LR progressent (Respectivement près de 6 points pour le premier et plus de 3 pour le second). La gauche hors PS progresse de manière très différente. Si LO et EELV enregistrent des progressions significatives (En 2016, LO progresse de 0,39% à 1,49% et EELV de 3.07% à 7,09%), le Front de gauche connait des situations très différentes selon qu’il est rassemblé (c’était le cas sur la circonscription des Alpes-Maritimes) ou pas….