L’offensive du gouvernement contre les cheminots cache mal la volonté de Macron de s’attaquer, in fine, à tous les secteurs stratégiques qui relèvent du public. Livrer ces secteurs à la cupidité sans limite des actionnaires et autres rentiers est une ligne de conduite intangible de ce pouvoir.
Dans cette affaire, n’hésitons pas à dé- noncer l’imposture des arguments avancés. Ce n’est pas le statut des cheminots qui est la cause des maux de la SNCF et de sa dette de 50 milliards, mais bien les choix effectués pendant des décennies par la direction de la SNCF et les différents gouvernements. Le refus (à la différence de l’Allemagne…) de faire reprendre par l’État cette dette ne fait que la creuser. Et ceux qui en profitent, ce ne sont pas les cheminots, mais les banques et leurs actionnaires qui se gavent chaque année d’1,5 milliard d’euros d’intérêts, soit 10 000 euros par cheminot et par an ! Là est le vrai scandale.
Et une fois encore « la dette » est le prétexte des tenants du système pour remettre en cause les avancées sociales. Au demeurant, loin du mythe, le salaire moyen d’un cheminot est équivalent à la moyenne nationale. Stigmatiser les cheminots aujourd’hui, pour diviser le monde du travail, demain l’ensemble des fonctionnaires, après demain les retraités qui touchent une « vraie » retraite et puis par la suite les salariés qui « bénéficient » encore de quelques droits, voilà la méthode en cours pour accomplir un objectif.
Un objectif que ni Macron ni le MEDEF n’osent évoquer publiquement, mais qui transpire à travers leurs projets. Au nom de la mobilité, de la productivité, de l’initiative personnelle, au nom de la France même, ils veulent nous ramener au temps ancien d’un capitalisme aux travailleurs sans droits, le temps où le travail à la tâche était la norme. Le 15 mars, avec les retraites et la santé, le 22 avec la fonction publique et les cheminots, nous ne manifestons pas pour défendre des « privilèges ». Nous manifestons pour des choix de société et pour ne pas retourner au XIXe siècle !
Robert Injey