A l’heure du second tour des élections cantonales et des situations de duel UMP-FN (très et trop nombreux dans les Alpes-Maritimes) une partie de la gauche dite radicale adopte une position de « ni, ni » sur la base de l’argument qu’il n’est pas possible de choisir entre droite et le FN.
Cette position me choque pour plusieurs raisons.
Personnelle d’abord, pour avoir eu un grand-père dénoncé aux allemands, en 1944 à Nice, par une pétainiste et un cousin condamné à mort par l’OAS le « ni-ni » me paraît sans mémoire.
La répugnance à se salir les mains avec un vote UMP me parait bien dérisoire quand ce même grand-père, s’est sali les mains avec du sang de soldats allemands.
Politique ensuite, le confort de la vie politique française semble nous faire perdre de vue le caractère immonde de l’extrême droite. Pour rappel à mes amis de la gauche radicale et à d’autres, voici quelques thématiques des campagnes en cours du FN: «un moratoire stoppant toute immigration en cours, l’arrêt immédiat du regroupement familial en France, la réforme du droit d’asile et le retour des chômeurs étrangers dans leur pays. », «deux millions de chômeurs, deux millions d’immigrés en trop», «1 % d’immigration en plus, c’est 1 % de salaire en moins» « l’origine de la plupart des maux dont souffre notre pays, la politique d’immigration menée depuis plus de trente ans par les gouvernements successifs », « réserve rles aides sociales diverses et les allocations familiales aux seuls Français et en réinstaurant, dans le cadre de nouvelles dispositions législatives, la préférence nationale pour les prestations sociales »….
Politique toujours, pour des raisons politiciennes une partie de la droite essaie de raccrocher les wagons de l’extrême droite. Pour y parvenir il n’y a pas trente-six solutions, il faut banaliser les thèses du front National. Le « ni, ni, » de Sarkozy participe de cette stratégie et trouve de l’écho chez ses sympathisants.
Selon une enquête 77% des sympathisants de l’UMP et 61% du FN sont favorables à l’absence de consignes de vote.
Dans le même temps une partie non négligeable de la droite républicaine résiste. Contribuer d’une manière ou d’une autre à banaliser le FN, même avec des arguments différents, est incompatible avec le combat contre celui-ci.
Comment appeler demain à des rassemblements contre le FN si aujourd’hui face aux urnes on dit : « ni, ni, » ?
Lutter contre les idées du Front National sans se salir les mains est une douce utopie. Mais ne nous plaignons pas trop, hier c’était avec des larmes et du sang, aujourd’hui un bulletin de vote. Et si nous n’avons pas le courage d’utiliser celui-ci aujourd’hui, je n’ose imaginer ce que se sera demain…
Robert Injey