Déclaration PCFLe grave incident qui s'est déroulé hier entre les aviations turque et russe met en évidence l'urgence et la nécessité d'un cadre politique et légal explicite, établi et contrôlé par l'ONU, pour toute intervention militaire sur le théâtre syrien et irakien contre l’État islamique (Daesh). Dès le début des opérations militaires russes en Syrie, fin septembre, la Turquie a accusé la Russie de violer son espace aérien. La tension est montée au fur et à mesure des semaines alors que tous les efforts des 17 pays engagés dans le Groupe international de soutien à la Syrie sont censés converger dans le même sens, c'est-à-dire la mobilisation militaire contre Daesh, le Front al-Nosra et tous les groupes djihadistes et la mise en place d'un processus de transition politique en Syrie. La gravité de la situation internationale appelle à unir toutes les forces contre Daesh et à bâtir une paix durable dans la région. Tous les Etats doivent donc, en rejetant les calculs étroits tirer les leçons des stratégies qui divisent et rendent inopérantes, l’ensemble des initiatives depuis trop longtemps. Au sein de la coalition des clarifications doivent s’opérer. Depuis plusieurs années, la Turquie joue des alliances avec différents groupes djihadistes pour être influente en Syrie. Ses complaisances cyniques à l’égard de l’État islamique ont de lourdes conséquences. Elles se dévoilent aujourd'hui et constituent une difficulté supplémentaire pour édifier une « coalition internationale » contre Daesh. Si Ankara a renoué avec les États-Unis pour ne pas perdre la face dans le conflit syrien, son gouvernement et son président ne jouent pas la carte de la solution politique, et encore moins celle de la lutte contre Daesh et tous les groupes djihadistes. Cette surenchère de la tension avec Moscou traduit l'inquiétude d'Erdogan, et sa réticence, à réorienter les priorités de l'action de la Turquie en Syrie et dans la région, ce qui est en passe de devenir un problème pour ses propres alliés puisque le chef de l'OTAN a appelé au « calme et à la désescalade ». François Hollande a de son côté, depuis Washington, enjoint d’« éviter toute escalade ». Il en faudra un peu plus de la part du chef de l’État français qui a affirmé vouloir « soutenir tous ceux qui combattent au sol ». Cela commence par les forces kurdes du PYD qui sur le terrain sont en mesure d’infliger à Daesh de sérieux revers. Pour ces raisons Ankara doit renoncer à sa volonté d’éradiquer les kurdes par des bombardements qui sont désormais quotidiens et qui contreviennent à l’objectif commun. Cet épisode renforce la nécessité que l'action des États soit coordonnée dans un cadre politique multilatéral supervisé par l'ONU avec pour objectif le retour à la paix et la réponse aux exigences démocratiques et aux besoins humains, sociaux, écologiques et économiques des peuples du Proche et du Moyen-Orient. Parti communiste français,Paris, le 25 novembre 2015