(Article paru dans le Patriote de cette semaine)
Par Benjamin Richard
Les semaines se suivent mais les sondages ne se ressemblent pas. Si celui d’Odoxa donnait une large victoire de M. Maréchal Le Pen, celui de l’IFOP, moins tenté pat le sensationnel, se contente de confirmer le caractère serré du scrutin au second tour. Pour autant un sondage sur un second tour avant le premier, est un exercice très aléatoire car le sondé donne une opinion de vote sans connaître le résultat du premier tour . Autant demander à un convive comment il a trouvé le dessert alors même qu’il n’a pas terminé le hors d’œuvre.
Néanmoins, le sondage de l’IFOP (1) donne des indications intéressantes. Il se confirme que le FN est à un très haut niveau (34%) et ne semble souffrir ni des problèmes familiaux ni de la concurrence marginale de J. Bompard, le maire d’Orange. Bien au contraire il est tout à la fois surmobilisé pour un scrutin intermédiaire et très attractif pour un électorat de droite. Ce résultat sonne comme un échec pour C. Estrosi. Bien qu’ayant réussi à rassembler toute le droite (LR, Modem, UDI), le député-maire de Nice est en difficulté, son score est en deçà de la précédente enquête de l’IFOP (juillet). Illustration de l’impasse où se dirige la droite en cherchant à coller aux thématiques du FN.
Quand à la gauche, elle est depuis plusieurs mois donnée dans le même étiage (31-32%) très loin du score de 2010 où le total gauche au premier tour était de plus de 45%.
Ce recul est essentiellement le fait de l’électorat socialiste de 2010 ou de 2012 dont près d’un tiers ferait le choix de voter à droite ou à l’extrême droite. Contrairement aux affirmations de Cambadélis c’est d’ailleurs l’électorat du Front de gauche des élections précédentes qui se mobilise le plus massivement pour une liste de gauche au second tour.
Le défi pour la liste EELV-Front de gauche, conduite par Sophie Camard et Jean-Marc Coppola est double. D’une part retrouver les électeurs du Front de gauche et d’EELV dont une partie, face au risque du FN, n’est pas insensible au chantage au vote « utile » claironné par le PS. D’autre part pouvoir mobiliser les électeurs de gauche qui pour l’instant font le choix de l’abstention.
Le scénario installé dans les grands médias, donnant la victoire à la droite ou à l’extrême droite repose en fin de compte sur une donnée : celle d’une abstention massive du peuple de gauche.
Face à un PS qui a déjà acté sa défaite et est plus préoccupé par en faire porter la responsabilité à d’autres, seule peut déjouer ce scénario la capacité, ou pas, du rassemblement EELV- Front de gauche d’enclencher une dynamique .
- Sondage IFOP pour Europe 1, ITélé et la Provence, 21 octobre 2015.