L’affaire Benalla met en évidence plusieurs choses :
- Sans les révélations de la presse, un nervi serait toujours en fonction à l’Élysée. Et malgré les images terribles du 1er mai, il n’aurait fait l’objet que de mesures conservatoires (Suspension de 15 jours)
- Les questions des parlementaires, lors des auditions, auront permis de bousculer ministre, préfets et hauts fonctionnaires et de dégager petit à petit des éléments de vérité sur cette affaire. Entre temps, les contradictions dans les déclarations des uns et des autres auront été nombreuses.
- L’Élysée aura mis une semaine pour trouver les éléments de langage et une version officielle, mais beaucoup de choses seront sans doute invérifiables. Comme par exemple le rôle exact de M. Benalla après le 1er mai dans le dispositif élyséen.
Démonstration que l’Élysée échappe, pour beaucoup, à tout contrôle. Sans doute, nous ne sommes pas au bout des révélations, et la tentative de Macron pour «endosser » la responsabilité et réduire au minimum le rôle de Benalla à l’Élysée, participe d’une volonté de passer rapidement à autre chose.
Mais, quelque soit la version finale, l’affaire met en évidence les dérives de l’hyper présidentialisation de nos institutions : opacité, pouvoir discrétionnaire, pression, concentration des lieux de décisions...
A l’heure où le projet de réforme constitutionnelle, dont la discussion s’engageait au parlement, prévoit de réduire, une fois de plus, les pouvoirs du parlement pour le limiter à une simple chambre d’enregistrement des désirs présidentiels, cette affaire met en évidence que nous avons besoin de tout autre chose. Saint-Just, dans un discours devant la Convention Nationale, le 13 novembre 1792, avait eu cette formule « On ne peut point régner innocemment : la folie du pouvoir en est trop évidente. ». Fort de cette réalité qui peut se vérifier à travers les siècles et les régimes, l’existence de contre pouvoirs est une exigence démocratique.
Si un enseignement pouvait ressortir de l’affaire Benalla, c’est bien la nécessité de rééquilibrer de manière drastique les pouvoirs en faveur du parlement pour en finir avec la monarchie présidentielle.