Le scrutin des européennes marque de profonds bouleversements. Il y a l’échec de LR face à LREM qui de fait devient le parti de la droite et du centre. De leur côté les écologistes ont réalisé un bon résultat. C'est le reflet d’une prise de conscience sur les questions environnementales et le devenir de la planète. Pas sûr par contre que ce vote traduise aussi une prise de conscience sur les méfaits des logiques capitalistes sur la société et la planète. Les dirigeants d’E.E.L.V. sont plus préoccupés de créer un pôle écologiste avec Génération Écologie et les Animalistes. Dont acte.
Plus inquiétant est la situation à la gauche du P.S. L’effondrement de F.I au-delà de toutes les prédictions des sondages, l’enfermement du P.C.F. dans une bulle identitaire sanctionné par un vote qui le place à son plus faible étiage en voix (565 000 voix) de son histoire. Et cela malgré les belles prestations de Ian Brossart. Ces résultats, comme ceux de Benoît Hamon, signent l’échec de stratégies qui se font miroir.
Triple échecs pour un cumulé qui, paradoxalement, avec 12% réalise un score sans précédent, pour un scrutin Européen, à la gauche du P.S.
Échecs des stratégies qui privilégient les petits calculs à l’ambition collective, les stratégies ou la dimension des intérêts particuliers l’emporte sur l’intérêt général du combat pour l’émancipation humaine.
Dans l’immédiat, il semble bien que les grands stratèges ne vont pas tirer les enseignements de ces échecs, mais plutôt se persuader que leur stratégie est la bonne. Situation dramatique qui ne donne plus envie de se mêler, une énième fois, de débats internes qui tournent en rond.
Peut-il en être autrement ? Au risque d’en rajouter dans le pessimisme collectif, force est de constater qu’il est difficile de voir une autre perspective.
Sauf …… sauf si les citoyens s’en mêlent et agissent.
Et une question se pose : Et maintenant que faisons nous ?
Maintenant il est sans doute venu le moment où, loin des états-majors parisiens, il faut avoir l’audace de mener des expériences pour fédérer, rassembler et enclencher des dynamiques porteuses d’une ambition d’émancipation sociale à l'échelle de nos territoires, car il faut bien commencer par un bout.
De ce point de vue à Nice le champ des possibles existe. Nice est profondément marquée par une forte contradiction. Il y a la carte postale qui brille de mille feux à l’image de la Promenade des Anglais. Et il y a l’envers du décor celle d’une ville où le taux de pauvreté est très élevé (près de 40% dans certains quartiers). Une ville ou la ségrégation urbaine joue à plein régime, où des milliers d’actifs, de jeunes et de retraités sont obligés d’aller se loger ailleurs car le coût du logement est trop élevé.
Une ville silencieuse depuis trop longtemps. Une ville depuis longtemps bâillonnée par le clientélisme. Une ville qui se bâillonne elle-même avec l’abstentionnisme. Une ville, aussi, qui parfois se trompe de colère et voit dans son voisin de palier l'ennemi alors qu'ils sont dans la même galère…
Il faut travailler à rendre la parole à cette Nice silencieuse, à la rassembler avec celle qui ne renonce pas, à contribuer à ouvrir une nouvelle perspective pour que Nice ne rime plus avec inégalités, précarité et ségrégation urbaine. Une perspective qui ne soit ni une déclinaison du renoncement qui fait si mal à la gauche, ni une version soft des politiques libérales.
Il est urgent de se mettre à l'ouvrage.
Robert Injey