Si les sondages ne font pas le résultat d’une élection, parfois ils y contribuent fortement. C’est sans nul doute le bilan que l’on peut tirer des deux sondages parus dans Nice-Matin du 16 octobre.
Le premier, réalisé par Ipsos pour France bleu et Nice-Matin en plaçant, au premier tour, Éric Ciotti très loin de Christian Estrosi (24 % au premier contre 38 à 39 % au second) a sans doute convaincu le député de la 1ère circonscription d’abandonner l’affaire. Reste à celui-ci à trouver le moment d’annoncer son retrait. Voilà des semaines qu’il annonce sa décision « dans les jours à venir ». Sans doute par difficulté de faire atterrir ses propres partisans qu’il n’a cessé de chauffer à blanc depuis la campagne présidentielle.
Le second sondage, réalisé par opinionway et commandé par le sulfureux Jean-Marc Governatori, a eu un autre effet. Pointant l’hypothèse de quatre listes séparées à gauche, il a testé une liste écologiste menée par JM Governatori et donnée à 13 % devant une liste divers gauche conduite par Patrick Allemand donnée à 6 %, une liste du PS donnée à 3 % et une FI-PC donnée à 3 % elle aussi. Double effet immédiat, les militants d’EELV de Nice, dans un vote pour le moins bien peu massif (13 votants !) décidaient par 8 voix contre 5 de quitter le rassemblement en cours de construction(1) pour rejoindre Governatori avec l’espoir de concrétiser cette alliance par une réélection des deux sortants. Un choix qui passe mal pour des personnalités écologistes qui n’apprécient pas cet attelage avec Jean-
Marc Governatori motivé uniquement par l’opportunisme électoral.
Avec EELV se jetant dans les bras de Governatori, et face à des sondages qui le placent très loin, Xavier Garcia, 1er secrétaire du PS 06, qui prétendait pouvoir mieux rassembler la gauche que Patrick Allemand, jetait l’éponge le soir même de la décision d’EELV Nice. Après avoir tenté d’écarter son ancien mentor, il laisse ainsi le champ libre à Patrick Allemand pour sauver ce qui peut l’être pour le PS.
Dans un contexte local marqué par un sortant PS, Patrick Allemand, qui avait soutenu Macron dès le 1er tour de la présidentielle et un responsable fédéral, Xavier Garcia, soutien de Manuel Valls lors de la primaire, c’est peu dire que l’un comme l’autre ont eu un effet repoussoir pour le reste de la gauche, à la différence de ce qui peut se passer dans d’autres grandes villes de la Région, comme Marseille ou Toulon.
Refusant d’admettre ce que tout le monde dit depuis des mois à Nice, à savoir l’impossibilité pour le PS de pouvoir prétendre fédérer la gauche derrière lui, le PS ira donc seul devant les électeurs pour tenter de sauver les meubles.
C’est dans ce contexte pour le moins très éclaté que les communistes de Nice étaient amenés à voter, ces derniers jours, pour entériner définitivement leurs choix stratégiques pour les municipales de 2020. Depuis des mois au travers de différentes initiatives, les responsables de la section de Nice du PCF auront essayé de créer les conditions du plus large rassemblement possible à gauche, pour éviter un émiettement mortifère à l’heure où la gauche ne représente qu’entre 20 et 25 % des électeurs. La décision d’EELV Nice de rejoindre Jean-Marc Governatori et le positionnement du PS local n’auront pas rendu cela possible.
Engagés depuis le début dans le travail de construction du plus large rassemblement à gauche, c’est sans surprise qu’à plus de 75 % (2) ils ont décidé de poursuivre ce travail, en portant un certain nombre d’attentes sur la visibilité des forces politiques et avec la volonté que ce rassemblement puisse s’adresser au plus grand nombre et s’élargir rapidement.
Le défi pour ce rassemblement, qui porte l’ambition d’une liste très ouverte sur le mouvement social et associatif, c’est de fédérer toutes celles et tous ceux qui, dans la cinquième ville de France, aspirent à une véritable alternative écologique, solidaire et démocratique. De prochains rendez-vous sont d’ores et déjà fixés pour avancer sur la finalisation du programme, la constitution de la liste et décider d’un intitulé pour celle-ci .
(1) Fin septembre dans un premier communiqué étaient partie prenante de ce rassemblement le PCF, FI, Ensemble !, EELV, GRAF, des Libertaires, des Gilets Jaunes, le PG, le NPA et des militant.e.s associatifs. Depuis EELV s’est retiré et Génération.S consulte ses adhérents pour rejoindre éventuellement ce rassemblement.
(2) En raison de la complexité de la situation les communistes avaient le choix entre 5 options avec la possibilité d’en faire deux. Le retrait du rassemblement pour engager des discussions avec le PS aura recueilli moins de 2 % en premier choix et moins de 5 % en second choix. En premier choix le retrait du rassemblement pour présenter une liste aura recueilli 10 %. Le maintien dans le rassemblement sans condition aura recueilli 10 %, enfin la poursuite dans le rassemblement en portant un certain nombre d’attentes de visibilité des forces politiques a rassemblé 75 % des suffrages.