Depuis le crime odieux dont a été victime Samuel Paty, une part non négligeable de la classe politique et des commentateurs, y vont de leur déclaration et d’une forme de surenchère verbale dans des formules qui associent, implicitement ou explicitement, une religion (l’Islam en l’occurrence) au terrorisme, dans un amalgame qui est tout sauf innocent.
Dans cette dramatique actualité, il faut répondre à – au moins- deux urgences.
Faire face et se donner les moyens de lutter. Ce à quoi nous sommes confrontés relève d’un fascisme, qui n’est qu’une version du suprémacisme qui sévit sur la planète au nom de la supériorité supposée de tel groupe humain sur le reste. Il prend la forme dans le cas présent, depuis 40 ans et sur plusieurs parties du monde, d’une guerre qui n’a cessé d’évoluer et qui aujourd’hui se traduit par une véritable guérilla qui se mène, souvent, sur les réseaux sociaux et nous rend parfois impuissants, car insaisissable. Comment un jeune de 18 ans, en France depuis l’âge de 8 ans, a-t-il pu se radicaliser jusqu’à décapiter, de sang froid, un être humain ? Comment des militants des courants les plus radicaux ont-ils pu s’en prendre à un enseignant sans une réaction plus forte qu’une simple convocation dans un commissariat ?
La seconde urgence, c’est d’en finir avec les amalgames : terrorisme -immigration - religion. Les mêmes amalgames que les régimes fascistes n’ont eu de cesse de développer. Combattre efficacement ce mal passe par ne rien céder à la tentation d’y englober toute une communauté. L’amalgame est tellement facile, il permet de désigner à la vindicte populaire « un » responsable et surtout il évite de faire appel à l’intelligence. Il est d’autant plus facile quand d’autres suprémacistes et racistes en tout genre l’instrumentalisent, pour leur propre combat, pour stigmatiser une communauté aux yeux des autres.
Ne faisons pas ce cadeau aux terroristes jihadistes qui prétendent parler au nom d’une religion. Ils ne demandent que ça.
Ne faisons pas ce cadeau à ceux qui, ici ou ailleurs, à défaut d’offrir une perspective de progrès, ne rêvent que de renouer avec les guerres de religions et d’affrontements entre les peuples. Le meilleur ami d’un suprémaciste, d’un raciste, c’est un suprémaciste, un raciste du camp adverse. L’un sert de justification à l’autre, et inversement.
Quelles que soient la religion ou pas, les convictions politiques ou philosophiques, l’avenir des femmes et des hommes sur cette planète sera commun, ou il ne sera pas, laissant la place à la barbarie, au chaos.
Robert Injey