Alors que la bulle médiatique s’emballait sur des propos de Jean-Luc Mélenchon, deux évènements sont venus nous rappeler que notre pays n’est pas à l’abri des pires dérives.
lI y a la vidéo, hallucinante, d’un « influenceur » d’extrême droite, Papacito, un ami d’Éric Zemmour. Le personnage n’aime ni Mélenchon, ni les électeurs de celui-ci, ni les communistes. Dans sa vidéo, que Youtube mettra près de 48 heures à supprimer, il donne des conseils pour éliminer « ces gauchistes ». Images à l’appui ; sur un mannequin affublé d’un tee-shirt où était inscrit « je suis communiste », il nous livre, avec un acolyte, une démonstration sur l’utilisation des armes et les choix des munitions, brandissant même le sigle des phalanges fascistes espagnoles des années 30. Face à cet appel au meurtre, il aura fallu attendre, là encore, près de 48 heures pour entendre le Premier ministre condamner la vidéo.
Une condamnation qui arrive quelques heures après le second évènement, celui de la gifle portée sur la personne du Président de la République. C’est en éructant « Montjoie, Saint Denis », la devise de feu le Royaume de France, que l’énergumène, semble-t-il fasciné par la fachosphère, a agressé le président Macron. Espérons que la facilité avec laquelle il s’est livré à son acte n’inspire quelques déséquilibrés en recherche d’une notoriété médiatique.
La multiplication des actes, la libération d’une parole de haine et xénophobe, la porosité sans cesse plus grande avec toute une partie de la droite, l’attitude de centaines de militaires qui n’hésitent plus à s’affranchir du devoir de réserve… autant de signes qui devraient nous inquiéter. Autant de signes qui montrent la réalité d’une vague brune qui trouve sa force dans les frustrations d’une partie de la population laminée par des décennies de politique libérale, chauffée à blanc par les discours sécuritaires, et qui trouve dans la haine de l’autre un exutoire.
Alors que certains tournent en boucle, de manière obsessionnelle, sur le terrorisme islamiste, il serait temps de se rendre compte, ou de se souvenir, que le pire n’est l’apanage de personne, d’aucun peuple, d’aucune idéologie, d’aucune religion.
La haine de l’autre est le moteur de l’extrême droite et de toutes les dérives sectaires et fascisantes. S’y opposer en permanence est une nécessité . Les manifestations du 12 juin contre les idées d’extrême droite sont salutaires.
Mais ouvrir une nouvelle perspective d’espoir et de progrès social est indispensable si nous ne voulons pas replonger régulièrement dans les affres de ces dérives.
Il y a plus d’un siècle, en pleine première guerre mondiale, du fond de sa prison, Rosa Luxemburg titrait un de ses écrits : « Socialisme ou barbarie ». Un mot d’ordre prophétique, toujours d’une grande actualité.
Robert Injey