Emmanuel Macron est dans une situation inédite. Pour la première fois depuis le général de Gaulle en 1965, il est reconduit pour un second mandat, sans un premier ministre de cohabitation comme ce fut le cas pour Mitterrand en 1988, ou Jacques Chirac en 2002. Un premier ministre qui, au lendemain de la réélection du Président, présente la démission du gouvernement. Rien de tel aujourd’hui, Emmanuel Macron, pour quelques jours encore, est «le maître des horloges». Pas de précipitation donc pour la désignation d’un premier ministre et d’un nouveau gouvernement. Surfer sur ce temps institutionnel (la cérémonie d’investiture le 7 mai, les cérémonies du 8 mai ….) où tout est suspendu. Gagner du temps, jouer sur une de ces périodes dont la France a le secret : pendant des jours et des jours nous allons vivre, heure après heure, au rythme « insoutenable » des confidences et des révélations, sur les contours du premier gouvernement de la nouvelle présidence d’Emmanuel Macron. Tous auront un œil attentif pour interpréter le moindre signe, la moindre désignation pour savoir si «Macron II» sera de centre-droit, ou de droite, ou de droite-droite. Les experts et autres faiseurs d’opinion vont rivaliser d’adjectifs pour valoriser la future équipe, s'extasier sur les nouveaux arrivants, commenter à l’infini les retours, insister sur la mission de la nouvelle équipe à qui reviendra la mission « d’adapter la France aux exigences du monde moderne » et de « la sortir de ses lourdeurs » et «d’écarter les extrêmes» (Comprendre la gauche de transformation sociale).
Nous voilà prévenus : pendant des jours il ne faudra pas compter sur ces gens-là pour débattre des questions qui les hantent: et si Emmanuel Macron n’avait pas de majorité ? Et si la dynamique à gauche se confirmait ??
Robert Injey