Les polémiques sur la viande, et la dernière sur le barbecue, illustrent toutes les difficultés que nous avons, souvent, à remettre en cause un mode de production et de consommation qui nous pousse, nous et la planète, dans une impasse mortifère . Alors sortons des petites phrases et essayons de regarder les faits.
La question posée est celle de l’impact de l'élevage sur le réchauffement climatique. Pour beaucoup le lien n’est peut-être pas évident entre un steak haché et le réchauffement climatique. Et pourtant:.
Quelques chiffres:
- 15% (1): c’est la part des émissions de gaz à effet de serre qui sont liées à l'élevage des animaux et à l'agriculture pour leur alimentation (soja, notamment). C’est plus que les émissions de CO2 liées aux transports (voitures, avions, etc...) où à l’industrie et le BTP.
- L’élevage occupe, selon la FAO, plus de 80% de la surface agricole mondiale (pâturage du bétail et production de céréales destinées à les nourrir). Alors qu'il ne produit que 18% des calories nécessaires et 37% des protéines.
- L’utilisation d’eau douce est consacrée à 70% à l’agriculture, et en grande majorité à l’élevage. En élevage industriel, la production d’un kilogramme de bœuf absorbe, par exemple, 13.500 litres d’eau, contre 1200 pour un kilogramme de blé et 1400 de riz. Par ailleurs, en 2002, un tiers des céréales produites et récoltées dans le monde avait directement servi à nourrir le bétail. Soit au niveau mondial près de 700 millions de tonnes, de quoi nourrir trois milliards d’êtres humains.
- Plus de viande, c’est plus de terres agricoles nécessaires. Plus de 90% des terres « arrachées» à la forêt amazonienne servent ainsi aux pâturages ou à la production de soja, destiné à nourrir le bétail.
Ces choses étant précisées, d’autres chiffres sur la consommation.
- En 2017 dans le monde la consommation de viande était de 323 millions de tonnes, contre 67 millions en 1957. Par habitant, la consommation est de 43 kilos par habitant (2017), contre 23 kilos en 1961.
- Derrière le chiffres par habitants de profondes différences sur la consommation: elle est de 84,5 kilos en France en 2020 et 98 kilos aux USA (2017). En Chine 63, en Afrique 17 et en Inde 5,2 kilos….
- Si l’ensemble de la planète en 2050 consommait l’équivalent de la consommation par habitant en France il faudrait produire par moins de 800 millions de tonnes de viandes…
- Si on en reste avec les inégalités de consommation actuelle cela représenterait quand même pas moins de 400 millions de tonnes.
- Les projections pour 2050 de la FAO avancent le chiffre de 450 millions de tonnes.
Donc si nous voulons préserver un mode d’alimentation qui, en France, a vu doubler la consommation de viande depuis 1950, nous sommes dans une impasse pour sortir de la spirale du réchauffement climatique. Sans parler de la difficulté à nourrir convenablement 9,5 milliards d’être humains à l’horizon 2050…
C’est simple, très factuel.
Maintenant, que faisons-nous, que proposons-nous …?
Robert Injey
(1): Tous les chiffres, sauf indication, sont à l’échelle de la planète.