Près de deux mois après le résultat du second tour des élections législatives, Macron persiste à vouloir nier ce résultat qui place la coalition du Nouveau Front Populaire en tête.
Voilà près de deux mois que la France est dirigée par un gouvernement démissionnaire, minoritaire dans les urnes et à l’Assemblée.
Voilà près de deux mois que Macron tente de trouver une combinaison lui permettant d’ignorer le vote des Françaises et des Français, en constituant une majorité hétéroclite réunissant principalement les grands perdants des élections législatives, c’est-à-dire sa coalition présidentielle et les Républicains.
Et force est de constater qu’il n’y arrive pas.
Pour comprendre la situation, il ne faut pas perdre de vue la composition de la nouvelle Assemblée Nationale.
Le bloc extrême droite totalise 142 députés (126 pour le RN et 16 ciottistes)
Le bloc présidentiel totalise 166 députés (99 pour Renaissance, 36 pour le Modem, 31 pour Horizon)
Les Républicains comptent 47 députés
Les indépendants (LIOT), 22 députés
Enfin le Nouveau Front Populaire représente 193 députés (LFI: 72, PS:66, EELV:38, PCF et ultramarins: 17).
Macron tente deux options:
La première consiste à décrocher du NFP quelques députés de l'aile droite du PS. Il lui faudrait en débaucher au moins 14 pour avoir une majorité relative plus importante. Pour y parvenir, la diabolisation de LFI a joué à fond. La lecture de quelques anciens éléphants du PS (Julien Dray, Stéphane le Foll) est de ce point de vue très éclairante. Cette stratégie, pour l’instant, a échoué et cela pour plusieurs raisons. D’une part les quatre forces politiques du NFP ont déjoué les scénarios sur le thème de l'explosion du annoncés par certains. Et la dernière proposition des Insoumis, celle d’un soutien sans ministre LFI, a mis en évidence que la question des Insoumis n’était qu’un prétexte et que la réalité c’est le refus de voir la mise en oeuvre du programme du NFP.
D’autre part, l’exigence du respect du vote des électeurs et des électrices, va bien au-delà de ces quatre forces politiques. Il en est ainsi de trois des principales organisations syndicales, dont la CFDT. Même la droite du PS aura du mal à expliquer un ralliement à Macron, alors que l’abrogation de la réforme des retraites est souhaitée par toutes les organisations syndicales… Mais il faut rester attentif, l'opposition à Olivier Faure, comme le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, est violente.
La seconde option de Macron c’est de faire avec LR. Sur la papier cela donne une majorité relative de 213 députés, mais dans les faits cela semble très impraticable pour les Républicains (Cf Déclaration de Laurent Wauquiez ce 28 août). Coincé entre l’extrême droite alliée à Ciotti et le pôle macroniste, LR n’a cessé de voir son espace politique se réduire par les défections d’un côté (Estrosi, Dati, Muselier) ou de l’autre (Ciotti). S’engager, même sans participer, avec un gouvernement macroniste signifierait l’explosion de ce qui reste de LR, avec toutes les implications que cela peut avoir pour les échéances de 2026 (Municipales, Régionales…).
Après avoir été, de fait, par sa politique et sa pratique méprisante du pouvoir, le principal responsable de la plus forte progression du RN (13,20% aux législatives en 2017, 32,05% en 2024), Macron persiste.
Mais Macron «le méprisant» est dans une impasse, c’est le résultat de son entêtement et de son refus de voir un gouvernement (en l'occurrence celui du NFP) défaire ce qu'il a réussi a imposé en usant et abusant du 49-3, en particulier la poursuite de la casse de notre système des retraites.
Si il persistait dans cette voie et désignait un/e 1er ministre hors NFP, il reste pour peser plusieurs actions, qui se complètent:
- La motion de destitution.
- Le travail des parlementaires au sein de l’Assemblée pour mettre en échec les projets portés par la macronie.
- Et surtout la mobilisation sociale.
Possible dissolution à partir de juin 2025, échéances de 2026, présidentielle et législatives de 2027… nous sommes engagés depuis l’annonce de la dissolution dans une séquence politique qui sera longue, très longue. Dans cette période, l’unité du Nouveau Front Populaire autour de son programme est son atout principal. Le meilleur atout pour ouvrir la perspective d’une véritable alternative et faire barrage à l’extrême droite.
Robert Injey