Plusieurs enseignements de cette sombre soirée de dimanche à Brignoles :
Au premier tour, certains (cf article du Monde) voulaient relativiser la poussée du FN. Nier la réalité pour éviter de se poser les bonnes questions n'a jamais été très efficace et le résultat du second tour est là pour confirmer une chose que l'on sent sur le terrain : le FN progresse fortement.
Ainsi le candidat du FN rassemble au second tour 5031 voix, soit près de 25 % des inscrits sur l'ensemble du canton. En 2011 le FN atteignait 4407 voix et 22 % des inscrits et Marine le Pen sur Brignoles, 22,23 % des inscrits en 2012.
Entre les deux tours le FN gagne 2313 voix et la candidate du l'UMP 2904, sachant que tous les candidats (plus de 2600 voix) avaient appelé à voter pour elle (ou tout au moins à faire barrage au FN).
Cette capacité du FN à faire un « score » sur un scrutin dit local et à élargir son rassemblement entre les 2 tours, confirme et amplifie le phénomène que nous observions lors des législatives partielles.
Face à cela, le discours des responsables du PS (candidatures uniques, Front républicain...) est de plus en plus inopérant. Dans le département du Var, ou comme le mien les Alpes-Maritimes, voilà 25 ans (législatives de 1988), que les seconds tours sont souvent marqués par l'appel à faire barrage au FN. C'est politiquement juste, mais il faut bien se rendre compte que cette ligne Maginot se fait déborder de toute part. Et sauf à attendre de se faire totalement submerger par l'extrême droite il va bien falloir reprendre l'offensive.
Et là, il n'y a pas 36 solutions. Il faut redonner espoir à notre peuple qu'il est possible de faire autrement et pour cela il faut rompre avec les logiques libérales. Il faut redonner la priorité à l'Humain et pas à la finance. Ces logiques libérales, partout en Europe, ouvrent la porte à l'extrême droite.
A défaut de concevoir, un seul instant, la nécessité de remettre en cause ses choix, le gouvernement et le PS semblent opter pour ces municipales pour une stratégie assez simple. D'un côté agiter la menace droite-extrême droite pour réduire la présence d'alternative à gauche au premier tour, de l'autre compenser les pertes prévisibles en « piquant » des villes aujourd'hui dirigées par des maires communistes. Ce qui se passe à Dieppe, St Denis ou bien encore St Ouen en est l'illustration.
Un des paradoxes de ce scrutin c'est qu'un bon maintien du PS aux municipales sera considéré par le pouvoir comme un encouragement à poursuivre sa politique...
Empêcher le retour de la droite, éviter l'arrivée du FN dans des dizaines de villes, conserver des majorités de gauche utiles pour répondre à l'attente populaire, sans donner caution au gouvernement pour poursuivre sa politique... Avouons-le, il est difficile de faire plus compliqué !
Dans ce contexte la responsabilité du Front de gauche est énorme. Mais le moins que l'on puisse dire c'est que la semaine qui vient de se passer a donné lieu à un déchaînement pour le moins surréaliste. A croire que la situation n'est pas assez dramatique, pour que nous puissions nous offrir le luxe de dramatiser, de nous «exclure» entre nous et de multiplier les anathèmes.
Je ne partage pas l'idée que Paris sera la mère des batailles et que l'enjeu des municipales c'est que le Front de gauche soit en «autonomie» dans toutes les villes de plus de 20 000. Au lendemain des municipales cette liste ne comptera plus.
Par contre au lendemain du second tour, ce qui va compter pour la vie de tous les jours, ce qui va peser pour l'avenir, c'est le fait que nous (le PCF et le Front de gauche) ayons perdu ou pas des villes, que nous puissions en gagner et en regagner, que nous ayons réussi à engager des dynamique du Front de gauche dans des dizaines de communes permettant à la gauche de l'emporter au second tour face à la droite et à son extrême.
Paris sera t-elle dans la liste du premier tour? Laissons aux communistes de Paris le soin de décider ce qu'il y a le mieux à faire au vu de la situation de Paris, ils sont assez grands pour cela.
Dans l'immédiat des listes de large rassemblement du Front de gauche sont actées dans de nombreuses villes. Reste maintenant à faire la démonstration que cela est utile et que nous soyons en capacité d'engager des dynamiques. Le proclamer est toujours très simple mais le concrétiser est bien plus compliqué. Les législatives partielles ont bien montré que le PS peut s'effondrer sans que le Front de gauche progresse. Concentrons notre énergie là-dessus et arrêtons de faire de nos divergences des crispations irrémédiables.
Le Front de gauche est trop précieux pour l'avenir du combat pour la transformation sociale et l'émancipation humaine dans ce pays et en Europe. Faisons preuve collectivement de la même intelligence qui nous a permis de passer le cap des présidentielles et d'engager une belle dynamique.