Ce matin se déroulait l'élection des Présidents des CG. Sans surprise dans les Alpes-Maritimes E. Ciotti a été réélu. A cette occasion Jacques Victor est intervenu en revenant sur le dernier scrutin et les affligeants "ni-ni". Occasion aussi de revenir sur les priorités des élus communistes. Ci dessous le texte intégral.
Intervention de Jacques Victor, au nom du groupe communiste lors de la nouvelle élection du Président du CG 06.
"Monsieur le Président,
Mes Chers Collègues, Mesdames et Messieurs,
Par ces temps où l’esprit républicain a été si malmené, permettez-moi, Monsieur le Président de prendre acte de la plus républicaine des façons qui soit, de votre nouvelle élection à la présidence de notre collectivité départementale et de vous en féliciter.
Ce dernier moment politique, avec les élections cantonales, a été marqué par l’expression forte de plusieurs messages adressés à ceux qui ont la responsabilité de la conduite des affaires de l’État et du département.
Nombreux, très nombreux ont été les électeurs qui, soit avec un bulletin de vote, soit par l’abstention ont voulu exprimer leur défiance envers la représentation politique et leur exaspération et leur mécontentement face à l’aggravation au quotidien de leurs conditions de vie. Les électeurs ont voulu condamner le mépris dont ils sont victimes de la part du sommet de l’État et ont voulu dire leur révolte face à un pouvoir au service de l’argent qui entretient sciemment l’insécurité sociale pour capitaliser sur la peur, qui casse les solidarités et détruit méthodiquement l’exception nationale en matière de santé, d’éducation et de services publics. Et présentement, de tout le département, enseignants et parents d’élèves manifestent devant l’Inspection Académique contre la suppression de plusieurs dizaines de classes.
Il faut entendre cette colère même si elle s’est parfois exprimée de façon stérile dans un vote d’extrême-droite ou dans l’abstention. Il faut être conscient de la gravité de cette situation et y apporter des solutions, à l’opposé de toutes celles défendues par la majorité présidentielle et départementale qui ont conduit à un tel état du pays.
Notre pays a besoin de véritables solutions alternatives au dogme de l’argent roi sans partage.
L’humain doit revenir au centre de toutes nos préoccupations. C’est dans ce sens qu’avec mes amis du groupe communiste nous continuerons à travailler en demeurant toujours force de propositions.
Je ne saurais terminer l’analyse de cette dernière consultation électorale sans évoquer l’irresponsabilité politicienne de certains dans leur attitude d’entre deux tours à l’égard du Front National.
Alors que nos valeurs républicaines fondamentales que constituent la Liberté, l’Égalité et la Fraternité sont en permanence foulées aux pieds par le F « HAINE », des responsables politiques nationaux, des membres de notre assemblée, ont participé à ce que certains appellent la « dédiabolisation » de cette formation d’extrême-droite, contribuant ainsi à la banalisation de leurs idées anti-républicaines. Il est grave d’inciter les électeurs à ne pas prendre part au vote ou, pour des raisons de basse cuisine électoraliste, à excuser le recours par ses propres électeurs au vote Front National.
Cet affligeant pas de deux d’un « ni-ni » aux accents de « pourquoi pas », la lorgnette vissée sur la ligne bleue de 2012, n’honore pas ceux qui s’y sont prêtés.
La haine de son prochain, l’exclusion, le racisme et la xénophobie seraient-elles devenues des idées fréquentables afin de mieux gérer son plan de carrière politique en vue des échéances électorales à venir ?
Les silences assourdissants pour ne pas condamner ces prises de positions ne contribuent-ils pas à la fragilisation de nos principes républicains et à la mise à mal de notre République déjà entreprise au sommet de l’État ?
N’est-ce pas Voltaire qui déjà s’exclamait : « Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! ».
Il y a là une dérive grave de conséquences pour nos institutions. Au moment où des peuples se lèvent à travers le monde et combattent pour la démocratie, il ne faudrait pas que la France ouvre sa porte à l’obscurantisme, à la peste brune et à un poison d’avril aux arêtes venimeuses.
Quels que soient les moments et la proximité de consultations électorales majeures pour l’avenir de notre pays, rien ne saurait justifier le renoncement et l’acceptation des discours et des idées de l’extrême-droite qui ne peuvent mener qu’à de dangereuses impasses et sont étrangères aux valeurs de notre République.
Maintenant nous avons à travailler durant trois années et peut-être plus, si une nouvelle majorité nationale se faisait jour et décide de revenir sur la contre-réforme des collectivités territoriales, si préjudiciable pour nos communes, pour les départements, la démocratie locale et la proximité des élus avec les populations.
Contrairement à ce que d’aucuns ont abusivement répété durant la campagne électorale à propos d’une pseudo-opposition systématique du groupe communiste au mépris de la vérité, je tiens à rappeler que, si nous ne partageons pas vos choix fondamentaux qu’illustre le budget, c’est simplement parce que nous estimons qu’ils ne répondent pas pleinement aux besoins de nos populations.
C’est pourquoi nous entendons poursuivre dans la vision constructive qui a toujours été la notre, notre rôle et fonction de groupe d’opposition dans des domaines où les attentes de nos concitoyens sont grandes :
- Une politique hardie et volontariste d’aide aux communes en matière de logement social où les besoins sont considérables dans un département où plus de 70% de la population est éligible aux critères du logement locatif social.
- Un développement de nos politiques de solidarité en direction des personnes âgées, des handicapés, sur l’insertion sociale et professionnelle, en exigeant de l’État qu’il assume pleinement ses responsabilités en matière de financement des transferts de charges qu’il impose aux collectivités.
- Un aménagement territorial qui prenne en compte et se fonde sur les attentes effectives des habitants, notamment en ce qui concerne l’Opération d’Intérêt National de la plaine du Var, dont les projets déjà dévoilés sans aucune consultation préalable tant au sein de notre assemblée qu’auprès des populations concernées laissent craindre que la séduisante appellation « d’Éco-vallée » ne serve de masque à une Béton-vallée déjà en cours de réalisation. Plus que jamais s’impose la nécessité d’un grand débat public en toute transparence sur l’O.I.N. et nous continuerons à insister dans ce sens.
D’autres sujets et thèmes seront sans aucun doute l’objet de nos délibérations en fonction de l’actualité et des besoins, et nous resterons fidèles à ce qui a été et demeure notre conception de notre rôle d’élus de proximité, rester utiles à nos concitoyens, quelles que puissent être nos divergences et différences.
Ce sont là les règles de la démocratie et de la République, et le verdict du suffrage universel auquel nous avons été confrontés, Noël ALBIN en étant brillamment réélu dès le premier tour et moi-même moins aisément mais après une rude bataille où je suis fier d’avoir su faire barrage à l’extrême-droite, ne peut que nous encourager à persévérer dans la même voie.
Pour le bien de notre département et de ses habitants, dans le respect des valeurs républicaines qui nous sont chères, le groupe communiste restera toujours actif et disponible.
Permettez-moi de conclure par cette citation de Guillaume APOLLINAIRE :
« Il est grand temps de rallumer les étoiles »"