Ils sont 98.
98 patrons qui veulent imposer à notre société des mesures d'austérité pour le plus grand nombre, afin de préserver et accroître leurs dividendes. Souvent cumulards des Conseils d'Administration des entreprises du CAC 40, ils ont décidé de lancer une grande offensive. Profitant de la disponibilité du gouvernement à toujours répondre présent quand des patrons claquent des doigts, ils ont décidé de pousser l'avantage le plus loin possible en exigeant :
-60 milliards d'économies sur le budget de l'Etat
-30 milliards de baisse des charges sociales patronales
-La baisse de l'impôt sur les sociétés
-l'augmentation de la TVA de 19,6% à 21%
-Le maintien du crédit d'impôts recherche......
On l'aura compris pour ces gens là un seul objectif: accroître l'épaisseur de leur portefeuille. Pour y parvenir, ils ont imposé au gouvernement leurs mots d'ordre « compétitivité » et "baisse du coût du travail ».
Mais de quoi s'agit-il exactement ?
Quelle est la réalité de la compétitivité?
A/ Ils prennent toujours prétexte de l'Allemagne, mais les chiffres donnent une autre réalité (1). En euros, en 2008, selon les dernières données exhaustives disponibles (Eurostat-Insee) le coût horaire était de 33,2 € dans l'industrie française, contre 33,4 € dans l'industrie allemande.
Dans la construction automobile, point fort de l'Allemagne, le coût horaire, est de 43,14 euros , alors qu'en France, le coût horaire n'est que de 33,38 euros (« Le coûtde la main-d’œuvre: comparaison européenne1996-2008 », Bertrand Marc, Laurence Rioux)
B/Plus que le coût des charges sociales, ce qui pèse sur l'économie et la compétitivité des entreprises c'est le coût du capital.
Ainsi les comptes de la Nation de l'INSEE, pour l'année 2010, indiquent que, pour les sociétés non financières, (hors banques et assurances), les cotisations sociales patronales (charges sociales) s'élèvent à 145 milliards € .
C/Dans le même temps, les prélèvements financiers versés en intérêts aux banques et en dividendes aux actionnaires s'élèvent à 308,8 milliards d'euros soit 2,13 fois le montant des «charges sociales » !
Ce ne sont,pas les « charges sociales » qui étouffent les entreprises, mais les charges financières des banques et les dividendes des actionnaires.
C/ Illustration de cette réalité, en 2011, les groupes du CAC 40 ont réalisé pour 74 milliards € de bénéfices nets, dont 51% de ces bénéfices ont été versé en dividendes. Autre exemple, Sanofi, qui vient de détruire 914 emplois, a réalisé, l’an dernier, un bénéfice net de 5,7 milliards € (+4%) et en a distribué 44% en dividendes aux actionnaires.
En cassant et de précarisant l'emploi, en limitant les investissements et les efforts de recherche et de formation en France et en Europe, ces grands groupes ont accumulé, en 2011, une trésorerie de 267 milliards €, soit l'équivalent de la totalité des ressources nettes de l'État!
Cette réalité là les 98 patrons signataires de l'appel se sont bien gardés d'en parler.
Si il y a rien à attendre de ces monstres d’égoïsme et de cupidité, par contre nous sommes en droit d'attendre du gouvernement un peu plus de courage pour affronter ces égoïsmes.
Pour l'instant il n'en est rien. Pourtant des propositions existent à l'image des 40 amendements que les députés du Front de Gauche ont proposé dans le cadre du débat budgétaires sur le volet recette de la loi de financement. Le gouvernement a fait le choix de n'en retenir aucun !
Le débat budgétaire va continuer encore plusieurs semaines, sauf à vouloir aller dans le mur, le gouvernement serait bien inspiré de résister aux diktats du patronat et de reprendre les propositions du Front de Gauche.
R. I.
1: Elements tirés de l'argumentaire "Emploi et compétitivité" édité par le PCF (cf site pcf.fr).