La phrase de Hollande établissant un lien entre le discours de Marine Le Pen et un tract du Parti communiste des années 70 a choqué. Mais au-delà de la colère face à un tel amalgame on peut s'interroger sur les motivations de F. Hollande. C'est le sens de la réaction des anciens ministres communistes du gouvernement Mauroy qui se sentent insultés, et s'interrogent « que François Hollande mésestime ainsi l'Histoire, au moment où Marine Le Pen déploie ses efforts pour capter les suffrages des couches populaires ne peut manquer de poser des questions ».
Cet amalgame de Hollande ne doit rien au hasard. La phrase est préparée et traduit plusieurs choses :
il y a la volonté du PS de continuer à normaliser le FN et Marine Le Pen, candidate idéale pour un second tour. Candidate avec laquelle Hollande se déclare prêt à débattre entre les deux tours de la présidentielle, débat qu'avait refusé Chirac avec le père. Privilégier la confrontation avec le FN c'est une stratégie qui se double de la volonté d'écarter toute alternative de gauche.
Ainsi pour mieux écarter cette alternative de gauche, volonté de nous renvoyer (les communistes) dans le camp des extrêmes pour nous marginaliser.
Enfin la référence à la période (les années 70) n'est pas anodine. C'est celle de la montée en force du programme commun. On voudrait tourner le dos à ce qu'a pu être l'ensemble de la gauche, et donc le PS, dans les années 70 on ne si prendrait pas autrement.
Cette réaction de F. Hollande, après un reportage sur des élus et des électeurs socialistes du Pas de Calais déçus de sa politique et qui votent aujourd'hui à l'extrême droite, s'inscrit bien dans la conviction des leaders du PS .
Dans le droit fil des thèses développées par Terra Nova, en l’absence d'une volonté politique de répondre aux attentes des couches populaires, Hollande et les dirigeants du PS abandonnent ces couches populaires à l'extrême droite.
A la place, ils ciblent les couches moyennes-moyennes sup et les jeunes diplômés des quartiers. Le format de l'émission sur Canal+ tout comme sa dernière interview dans une nouvelle revue branchée sont révélateurs de cette quête d'un électorat de substitution à l'électorat populaire abandonné pour répondre aux exigences des marchés financiers.
RI.