Grâce à une très forte mobilisation citoyenne le Front National est en échec dans son objectif de s'emparer d'une ou plusieurs Régions.
Pour autant si la catastrophe est écartée, rien n'est réglé. Le rassemblement que nous avons initié avec EELV en PACA, mais aussi les différentes configurations dans lesquelles le Front de gauche -groupé ou pas- a pu se retrouver à travers le pays, n’ont pas répondu aux attentes et à nos ambitions.
Comme toujours dans la vie politique, il y a une tendance à passer rapidement sur les événements. Pourtant, force est de constater que le climat a profondément changé après le 13 novembre. La reprise de la campagne a été difficile, avec, pour ma part le constat d'un électorat très «clivé» . A l’image des sondages (pour PACA) qui ont dévissé de 11,5 % avant le 13 novembre, à 8,5 % la seconde quinzaine de novembre, puis 7,5 % début décembre, avant de tomber le jour du scrutin à 6,54 %. Nous n'étions plus dans le coup.
Dans un contexte anxiogène, dominé par les thématiques guerrières et sécuritaires nous n’avons pas su, nous n'avons pas pu, faire entendre une autre voix. Ce phénomène n'est pas nouveau, rien de plus efficace pour faire taire les voix d'une alternative de progrès que le bruit de la guerre...
Mais très honnêtement, même sans l'impact de ces événements dramatiques, nous n'aurions pas fait le résultat espéré et nécessaire pour enclencher une autre dynamique.
Certes on peut trouver des excuses où des explications, manque de lisibilité nationale, le rassemblement avec EELV avec les « tiraillements » que cela a entraîné chez eux et chez nous, sans parler des difficultés récurrentes du Front de gauche lui même.
Tout cela est sans doute un peu vrai, mais l'essentiel à mon avis est ailleurs. Il est dans notre incapacité collective, à redonner de l'espoir, à faire vivre une vision d'une véritable alternative, dans l'éparpillement des «forces de progrès», dans le poids du renoncement qui pèse dans les têtes.
En 2017 le scénario qui se présente, conforté par les résultats des Régionales, est mortifère. Une Le Pen déjà qualifiée au second tour et une campagne qui pendant dix-huit mois se résumerait à déterminer qui aura le droit à concourir contre elle. Dans ce contexte la campagne pour enfermer le débat à gauche sur une candidat unique est déjà lancée. Ajoutons à cela la perversion de l'inversion du calendrier et c'est le risque, ni plus ni moins, de voir disparaître du champ politique et institutionnel, toute la gauche – dans sa diversité- de la transformation sociale.
A l'heure où les attaques contre les avancées sociales n'ont jamais été aussi importantes (cf loi Macron 2), où les perspectives sur l'emploi sont noires, où les inégalités n'ont jamais été aussi fortes, notre échec ajouté au score du Front National et la division que cela entraîne au sein des classes populaires est du pain béni pour les actionnaires.
Il va falloir se retrousser les manches pour ne pas subir cela....
Robert Injey