Le dumping social, pratiqué via le recours aux travailleurs détachés, pèse de plus en plus sur le monde du travail. Pour l’instant, aucun chiffre public ne semble disponible pour l’année 2016. Mais si on prend les derniers chiffres connus, la progression est sans appel. En France, en 2015, ils étaient 286 000 travailleurs détachés en hausse de 25 % sur 2014, et de 100 % par rapport à 2011.
Une situation de plus en plus tendue sur laquelle le nouveau Président a voulu « démontrer » sa capacité d’agir. Aussi, c’est à grand renfort d’autosatisfaction que l’accord obtenu lundi, au niveau européen, a été présenté par E. Macron et le gouvernement.
En réalité, cet accord, c’est de la poudre de perlimpinpin. Ramener la durée maximum de 24 à 18 mois n’a pas beaucoup de sens quand la durée moyenne des détachements en France est de 33 jours (98 en Europe). Prétendre à une égalité de salaire est purement virtuel quand on sait que déjà les travailleurs détachés sont censés être couverts par les conventions collectives.
Mais dans la vie réelle, celle de l’exploitation au quotidien de cette main d’œuvre précarisée, le nouvel accord n’empêchera pas ces travailleurs d’être sous-payés, que les heures supplémentaires soient des « cadeaux » pour l’employeur, sans parler des situations de travail non déclaré. Par ailleurs, le principe des cotisations sociales, payées dans le pays d’origine au taux de celui-ci, n’est pas remis en cause ; c’est pourtant un des aspects qui pousse le plus au recours aux travailleurs détachés. Au final, comme pour beaucoup d’annonces, ce pouvoir est dans la « com » pour « vendre » une mesure qui n’a en rien touché aux intérêts capitalistes.
Mettre fin au dumping social, c’est possible en donnant les mêmes droits, les mêmes salaires, et en appliquant le même niveau de cotisations sociales aux travailleurs, détachés ou pas. Mais ça, bien évidemment, les tenants de l’Europe libérale n’en veulent pas….
Robert Injey
(Le Patriote n°212)