Cela devient une véritable litanie : « Il faut que les manifestations cessent. » Tout est bon pour tenter de dissuader une partie de notre peuple de prendre le chemin des manifestations. L’amalgame avec les casseurs (Castaner), le fait que les « Blacks blocs viennent se nicher dans les manifestations » (Le Gendre LaREM), la « décence » eu égard à l’incendie de Notre Dame (Estrosi), ou bien encore l’intérêt de l’économie (MEDEF)...
Et pour bien faire comprendre le message, ce pouvoir n’a eu de cesse, comme le montre l’affaire Legay, d’user et d’abuser des violences policières et du mensonge d’État. Les objectifs sont simples : discréditer tout mouvement de contestation en faisant un amalgame récurrent avec les violences et faire peur pour dissuader les gens de descendre dans la rue.
Et quand cela ne suffit pas, ce pouvoir y va de son acharnement judiciaire à l’encontre des citoyens : la multiplication des gardes à vue, comme pour nos amis de Roya Citoyenne ou des Gilets jaunes en sont l’illustration.
Ne nous y trompons pas, la multiplication des entraves au droit de manifester s’inscrit dans une perspective plus large : la criminalisation de l’action syndicale (souvenons-nous du refus de Hollande d’amnistier des syndicalistes) ou bien encore la promulgation de textes (circulaire du 22 novembre 2018, loi du 10 avril 2019) réduisant, de fait, le droit de manifester, traduisent la même volonté. Au nom de « l’ordre public » (notion très floue sujette à toutes les interprétations) la tentation est grande, faute de vouloir répondre politiquement à la colère populaire, de la faire taire par tous les moyens possibles.
Ce n’est pas parce que nous sommes en France le « pays des Lumières » et au XXIe siècle que nous sommes à l’abri des dérives autoritaires. La vigilance en la matière ne doit souffrir d’aucune défaillance, il en va de nos libertés.
Robert Injey