En annonçant une ligne de train-tram desservant l’Ariane et la Trinité jusqu’à Drap/Cantaron, Christian Estrosi a radicalement changé de position sur ce dossier. Décision liée à la proximité des élections municipales? Prise en compte des réalités ? Retour sur une décision et les suites possibles.
Ce n’est pas la première fois que Christian Estrosi change d’avis sur un tracé concernant le tramway. Après avoir tenté de faire adopter l’option `«Tramway sur la promenade», il avait préféré se rabattre sur l’option tunnel centre ville. Concernant l’Ariane et la Trinité voilà des années que Christian Estrosi et son équipe ont tenté de vendre toutes les solutions autres que le tramway. Rudy Salles, qui n’a sans doute pas pris le bus ou un TER depuis des décennies, considérait, d’un ton méprisant, qu’il y avait la gare de l’Ariane (1) et que cela était bien suffisant. Lors du Conseil Métropolitain du 5 avril 2018, Christian Estrosi osait sortir un argument, pour le moins fallacieux, en avançant que la population concernée n’était pas suffisante pour un tramway (2). Enfin, face à l’évidence, lors des dernières concertations sur le quartier était avancée l’option d’un bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Une solution qui est loin de répondre aux besoins.
Satisfaction à gauche…
Ce qui était impossible en avril 2018 le devient en juin 2019. Tant mieux.
Deux facteurs ont, sans doute, joué pour faire changer d’avis le Président de la Métropole (3) . D’une part la mobilisation des habitants de l’Ariane et de la Trinité, des associations et des forces de gauche qui, depuis des années, continuent inlassablement, arguments à l’appui, à demander l’arrivée du tramway. D’autre part la situation saturée du réseau routier dans les Paillons qui chaque jour provoque un cauchemar pour des milliers d'automobilistes entre Drap et l’entrée de Nice-Est. Interpellé depuis longtemps par les élus du Paillon pour trouver une solution, le Président de la Métropole vient ainsi de sortir du chapeau une solution qui pourrait satisfaire tout le monde.
L’annonce a un écho positif auprès de celles et ceux qui se battent sur ce dossier depuis des années: des communistes (cf encadré) au MRC de Ladislas Poslki , du PS à Ensemble!, mais beaucoup, à juste raison, font preuve d’une grande vigilance.
….mais
Car il y a des mais?
Il n’échappe à personne que l'annonce de Christian Estrosi s’insère dans un calendrier bien précis: celui de la campagne pour les élections municipales de 2020.
Et tout le monde est conscient que les promesses n’engagent (trop) souvent que celles et ceux qui y croient.
Il y a aussi des interrogations sur le choix train-tram, avec pour conséquence de ne pas avoir de prolongation de la ligne T1, mais la création d’une ligne nouvelle tramway qui dans sa partie haute (La Trinité-Drap/Cantaron) puisse emprunter la voie SNCF. Ce qui, de fait, implique à Pasteur une rupture de charge (en terme moins technique, la nécessité de changer de moyen de transport) qui est un facteur dissuasif pour prendre les transports en commun.
Trouver la meilleure option pour les populations
L’annonce de Christian Estrosi en faisant sauter le verrou “pas de tramway à l’Ariane”, offre la possibilité d’ouvrir le débat sur le meilleur maillage possible et la meilleure solution pour les populations. C’est dans ce débat là qu’il faut s’engager résolument. Ils peut y avoir ainsi deux variantes constructives à la proposition de Christian Estrosi.
La première, sans doute la plus efficace, c’est la prolongation pure et simple de la T1 jusqu’au niveau de la Gare de Drap/Cantaron, permettant ainsi d’éviter une rupture de charge pour tous les usagers.
Une seconde solution serait de faire une prolongation effective de la ligne 1 jusqu’à la Trinité, et par contre de conserver la formule Train/Tram sur la portion Drap/ Cantaron, voir depuis le lycée de Drap, jusqu’à la gare Nice ville. Une liaison à pied existe déjà avec la ligne T1 à l’arrêt Bon Voyage/Pont Michel et de nouveaux arrêts peuvent être créés (Sur la Trinité, aux Liserons qui font l’objet d’une opération ANRU ou bien encore dans la partie haute de Bon Voyage).
Qui finance?
Qui va se charger de régler l’addition? Et ce n’est pas la moindre des questions quand on sait que la situation financière de la Métropole est tendue et que les premiers chiffres concernant ce projet sont de l’ordre de 190 millions d’euros. Dans un tweet, Christian Estrosi est très clair la-dessus: «Ce projet sort des frontières de notre @MetropoleNCA, il conviendra par conséquent d’obtenir un financement de la communauté Pays des Paillons, de @maregionsud et du Département des @ AlpesMaritimes. En fonction de leur réponse, nous prendrons position à la rentrée».
Première réponse, qui n’a pas tardé, celle d’Eric Ciotti, toujours sur Twitter, qui ne cite ni Estrosi ni le tramway, mais tout le monde aura compris: «Je ne veux pas que l’économie azuréenne soit asphyxiée par la fiscalité. Ceux qui font des dépenses inconsidérées et annoncent chaque jour dans la presse des chantiers à plusieurs centaines de millions d’euros sont en train de préparer les impôts de demain».
A l’évidence l’affaire est loin d’être finalisée et elle sera sans nul doute, au coeur des campagnes des prochaines échéances municipales dans toutes les communes concernées. Une chose est sûr, loin de se laisser endormir, les mobilisations pour la venue du tramway à l’Ariane, à la Trinité et pour désengorger la vallée Paillon doivent se poursuivre.
Robert Injey
(1) : Gare de l’Ariane qui en réalité est sur la rive opposée du Paillon.
(2): Cf Patriote n°235 du 13 avril 2018.
(3): Le transport, comme le logement et un grand nombre de sujets sont de la compétence de la Métropole.