La crise du Covid-19 aura été marquée par de multiples polémiques : « Masques, pas masques, confinement ou pas, choix des traitements... Et un constat s’impose : toutes les déclarations et les actes des personnes en responsabilité ne sont pas sans conséquences. Trump en est un dramatique exemple. Des milliers d’Américains sont sans doute décédés du fait des incohérences de leur président.
La polémique entre scientifiques sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine est révélatrice d’un débat qui existe. La chose n’est pas nouvelle, l’histoire de la science est ponctuée de grandes polémiques comme celle qui opposa Félix Pouchet et Louis Pasteur dans les années 1860 sur la « génération spontanée ».
Dans le débat actuel, ce qui est marquant c’est le rôle des laboratoires pharmaceutiques. Dernière illustration en date, la publication dans la revue Lancet d’une étude contre l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19. Comme le révèle le sociologue Laurent Mucchielli, cette étude à charge est marquée par un fort conflit d’intérêt : « Ainsi le principal auteur de cette étude, le spécialiste de chirurgie cardiovasculaire Mandeep Mehra, dissimule le fait que l’hôpital Brigham de Boston où il exerce est actuellement en contrat avec le laboratoire Gilead dont il teste depuis fin mars le médicament proposé contre le Covid : le Remdesivir. »
Laurent Mucchielli revient sur une déclaration de 2015 du rédacteur en chef de la revue Lancet depuis 25 ans, Richard Horton : « Une grande partie de la littérature scientifique, peut-être la moitié, est peut-être tout simplement fausse. Affligée par des études portant sur des échantillons de petite taille, des effets minuscules, des analyses exploratoires non valables et des conflits d’intérêts flagrants. »
Les polémiques entre scientifiques autour de l’utilisation de l’hydroxychloroquine et autour du professeur Raoult n’ont rien de choquant en soi. Il n’en va pas de même du rôle que jouent les grands groupes pharmaceutiques dans cette affaire.
Pour ces grands groupes la question première ce n’est pas le bien être de tous, mais la rentabilité maximum. Souvenons-nous de l’affaire du Médiator. La crise sanitaire actuelle pose avec force la nécessité d’un vrai pôle public du médicament pour sortir notre santé des griffes des grands groupes pharmaceutiques.
Robert Injey