Il y a des moments dans la vie politique où il faut arrêter de tergiverser et de tenter de vouloir plaire à tout le monde.
En déclarant sur RMC vendredi dernier qu’il est favorable à la vaccination obligatoire, Fabien Roussel met les pieds dans le plat et prend ses responsabilités. Réaffirmant dans le même interview la nécessité de libérer les brevets sur les vaccins et son opposition au passe-sanitaire, le secrétaire national du PCF porte une idée simple: On ne lutte pas contre une pandémie avec des demi-mesures ou en se positionnant uniquement contre le pouvoir en place.
Une déclaration d’autant plus importante que la tentation existe à gauche de céder face aux anti-vax sous prétexte que le «peuple» est dans la rue et qu’il ne faut pas le laisser seul avec l'extrême droite. A l’image, par exemple, de la déclaration de Jean Luc Mélenchon, le 16 juillet, sur le fait que le groupe parlementaire de LFI «était opposé à la vaccination obligatoire dans l’état actuel des connaissances». Un argument repris en boucle par LFI pour exprimer un scepticisme à l’égard des vaccins et ainsi éviter d’affronter frontalement les anti-vaccins très nombreux dans les manifs des samedis contre le passe-sanitaire.
Cette stratégie d’évitement ne saurait durer bien longtemps. De ce point de vue, l'évolution très rapide de l’opinion publique est révélatrice d’une volonté très largement partagée: on ne joue pas avec la santé.
Aujourd’hui une enquête de l’institut de sondage Elabe (1) révèle que le mouvement contre le passe-sanitaire, avec ses ambiguïtés sur la question des vaccins, est celui qui, sur les 4 dernières années, a le moins de soutien populaire, loin par exemple de celui des Gilets jaunes. A l’inverse c’est le seul mouvement, et c’est une première, qui a une majorité de français qui lui sont opposés.
Semaine après semaine, il y a une lame de fond dans le pays. Pour une population fatiguée après 18 mois de crise sanitaire et de restrictions imposées, le vaccin, avec les interrogations légitimes qui existent sur son efficacité (2), représente la meilleure garantie de retrouver assez rapidement une vie normale. Tous les gouvernements, qu’ils soient américain, chinois, russe, cubain ou Vietnamien, partagent ce constat.
S’y opposer ou créer systématiquement le doute sur les vaccins participe de nous engager dans une impasse sanitaire, mais aussi de faire passer la question sociale au second plan. Car, et ce n’est pas un hasard, le mouvement actuel est tout sauf porteur d’exigences sociales.
C’est un mouvement où le «Moi» l’emporte sur le «Nous». Et si l’extrême-droite profite de ces manifs, c’est bien parce que l’élément anti-vaccin est central dans cette mobilisation. Historiquement c'est une revendication réactionnaire, souvent sous couvert de «motifs religieux» ou de «l’atteinte aux libertés individuelles».
Robert Injey
- https://elabe.fr/pass-sanitaire-manifestation/
- L'efficacité d’un vaccin n’est pas une question nouvelle. Elle se pose chaque année avec les vaccins contre la grippe.