En cette année pré-présidentielle et malgré la crise sanitaire, les arguments commencent à fuser à gauche pour savoir la meilleure option afin d’aborder cette échéance. Nous ne sommes qu’au début d’un débat qui ne connaîtra sans doute son issue qu’à l’aube de l’année prochaine après l’épisode, toujours incertain, des parrainages.
D’ici là, arguments contre arguments, chacun va essayer de convaincre que son option stratégique est la meilleure et que son candidat est le mieux à même de peser sur l'échéance de 2022.. Des débats toujours passionnés, parfois plus ou moins passionnants.
Mais… au risque de casser l’ambiance, n’oublions pas dans nos raisonnements et nos envolées, un aspect jamais pris en compte: la démographie électorale.
Il est un phénomène mécanique, dont on ne mesure pas toujours les conséquences, c'est celui du vieillissement de la population française et de son impact électoral.
Les données sont simples, vérifiables élection après élection: les plus de 60/65 ans votent toujours bien plus à droite que le reste de l’électorat. Et la proportion sans cesse plus importante de cette tranche d'âge, en particulier des plus de 75 ans, dans la population accroît le rapport de force électoral en faveur de la droite. Chaque séquence présidentielle qui passe aggrave ce rapport de force, éloignant mécaniquement un peu plus la possibilité d’une véritable alternative. Un seul exemple pour illustrer cette réalité: en 2012, au second tour chez les plus de 65 ans Sarkozy est à près de 60%, soit 10 points au-dessus de son score national (48,37%). Des chiffres qui sont quasiment les mêmes que ceux de 1981 où Giscard réalisait 60% chez les plus de 64 ans pour un score national de 48,24%. A 30 ans d’écart cela montre une surprenante stabilité du comportement électoral par tranche d’âge.
La grande différence avec 1981 c’est la proportion des plus de 60 ans au sein de la population française: ils et elles étaient 17% en 1981, 25% en 2018 et selon les projections près de 32% en 2040. Un phénomène d’autant plus important sur son impact électoral que l’électorat âgé est celui qui vote le plus.
Les raisons de cette différence de comportement électoral en fonction de l’âge trouvent de multiples raisons. Par exemple la peur du changement, le sentiment d’insécurité liés à l'affaiblissement physique. On ne perçoit pas de la même manière le « danger» d’enfants qui courent à côté de vous à 40 ans et à 80 ans.
Cette réalité de la démographie électorale recoupe une autre réalité; celle que tous les grands mouvements révolutionnaires l’ont été dans des pays où la proportion de jeunes était (où est) importante voire très importante. Cela nous pose aujourd’hui un énorme défi: gagner une majorité de seniors à l’idée de changement, d’alternative.
C’est sans doute un des principaux défis auxquels nous sommes confrontés en 2022 et plus encore après.
Robert Injey