Les crises sont toujours sources d’enseignements. Parfois elles permettent à nos sociétés de dégager des pistes pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, rebondir et avancer sur le long chemin, toujours remis en cause, du progrès social. En sera-t-il de même après la crise sanitaire ? Espérons-le !
D’ores et déjà nous pouvons tirer quelques enseignements de la crise que nous connaissons :
À commencer par l’impasse que constitue notre régime présidentiel qui fait du Président un personnage bien plus puissant qu’un Louis XIV. La France est livrée au caprice de celui qui pourrait rester dans l’histoire comme «Emmanuel le méprisant». C’est à coups de caprices que celui-ci gère la crise sanitaire. L’épisode du confinement prévisible fin janvier mais annulé, car Macron était en colère que « l’information ait fuité » en est la plus belle illustration. Depuis, notre pays navigue à vue entre pseudo confinements et un couvre-feu qui en arrive bientôt à son 3e mois… En finir avec la Ve République et le présidentialisme devient une urgence, c’est une première priorité.
Avec cette crise, comme à chaque crise, notre pays redécouvre les vertus du service public. Là, en l’occurrence, celui de la santé. Dénigré, démantelé, asphyxié, avant la crise c’était la curée sur la santé publique qui aura connu la suppression de 69 000 lits depuis 2003. Illustration de cette volonté de privatiser la santé : entre 2003 et 2018 la part du public dans la proportion des lits d’hospitalisation complète est passée de 65,75% à 61,5%. Et ces chiffres ne rendent pas compte de la dégradation des conditions de travail des hospitaliers. Redonner tout son sens aux services publics avec les moyens humains et matériels en conséquence voilà un second enseignement.
L’affaire des vaccins et de Sanofi, incapable de produire un vaccin, malgré des centaines de millions d’euros d’argent public perçu aura révélé avec force une autre évidence : l’objectif du Capital c’est de faire du profit. Tout le reste est secondaire pour ces gens-là. Certains avaient tendance à l’oublier. Mais la réalité est là, impitoyable. Alors que nous affrontons une crise sanitaire et sociale sans précédent, c’est l’euphorie pour les actionnaires. Le CAC 40 entre le 13 mars 2020 et aujourd’hui aura progressé de plus de 30% ! Reprendre le pouvoir sur la finance c’est un troisième enseignement.
Enfin comment ne pas constater cette précipitation de nos compatriotes à fuir le confinement pour aller ailleurs et échapper aux contraintes. Les images de ces réfugiés d’un nouveau type qui s’agglutinent sur les autoroutes, les gares ou les routes de nos vallées devraient nous faire réfléchir. Espérons que cela incitera nos concitoyens à regarder d’un autre oeil ces femmes, ces hommes et ces enfants qui fuient. Ils ne fuient pas les contraintes d’un confinement, mais celles de la guerre, de la faim, du réchauffement climatique. Faire preuve d’une bien plus grande solidarité avec les autres, voilà un quatrième enseignement.
La liste n’est pas exhaustive, mais les pistes sont là. Reste à prendre les chemins pour y parvenir. C’est une autre histoire...
Robert Injey