A douze mois du premier tour de l’élection présidentielle, on peut voir se dessiner les grands thèmes sur lesquels les principaux prétendants vont tenter de faire la différence.
À commencer par le sortant, Emmanuel Macron. Face à son bilan et à la crise sanitaire, il n’a pas le choix, il doit prendre tout le monde à contre-pied. La question européenne peut, paradoxalement, lui en offrir l’occasion, en remettant en cause les dogmes imposés depuis 20 ans par le traité de Maastricht. Les fameux plafonds concernant la dette (ne pas dépasser les 60 % du PIB) et le déficit public (les 3 %). Profitant que la France va présider, pour six mois, l’Union Européenne à partir du 1er janvier 2022, Macron va sans nul doute en profiter pour apparaître comme celui qui veut et va remettre en cause ces fameux critères. Et cela d’autant plus facilement que, crise sanitaire aidant, ils sont devenus aujourd’hui, même pour les libéraux les plus forcenés, totalement hors sol. Il peut obtenir là une victoire sur le plan diplomatique dont il ne manquera pas d’user et d’abuser pendant la présidentielle.
À droite deux créneaux se détachent. Xavier Bertrand qui tente d’apparaître comme quelqu’un de neuf, ne fait en fin de compte que dans la vieille politique de droite en proposant de baisser de moitié les impôts touchant la production. Second créneau, c’est la surenchère sur les thèmes qui sont si chers à l’extrême droite. Dernier exemple en date, ce lundi, l’adoption par le Sénat d’une version durcie du projet de loi sur le « séparatisme ». L’intervention du sénateur communiste Pierre Laurent résume bien l’affaire en dénonçant « toutes les surenchères sécuritaires et racistes, tous les amalgames » et de pointer « les amendements discriminatoires à l’initiative de la droite ».
Dans ce contexte, alors que la droite fait le boulot à sa place, Marine Le Pen tente d’apparaître comme au-dessus de la mêlée (elle va se retirer de la direction du RN) et le seul recours face à Macron. Pas trop bouger pour éviter de faire ou de dire une connerie semble être, dans l’immédiat, sa ligne de conduite.
Et la gauche… Déjà il faudra qu’elle évite de se prendre les pieds dans le tapis comme lors du vote sur la loi séparatisme à l’Assemblée Nationale, ou bien encore lors du vote sur l’amendement UNEF au Sénat. Ce lundi, le vote unanime contre le projet de loi sur le « séparatisme » des sénateurs communistes, Verts et socialistes, a rectifié le tir. Mais le problème de la gauche dans son ensemble est double : c’est de ne pas subir le mantra idéologique dans lequel veut nous enfermer la droite et son extrême : islam-sécurié-immigration.
C’est aussi de ne pas se retrouver piégée par sa propre impuissance à incarner une alternative crédible face à Macron, le candidat de droite et Le Pen. Le défi est de taille...
Robert Injey