Le Monde vient de titrer, dans son édition datée du 14 janvier 2022, «Le grand désarroi des électeurs de gauche». Et à l'appui de son titre, le quotidien livre des témoignages d'électeurs de gauche qui ne font pas mystère de leur profonde colère et de leur désespoir. Il faut avouer, qu'en ce début 2022 les signaux encourageants à gauche sont... très faibles.... pour l'instant.
Petit tour d'horizon:
- Du côté des sondages, l'année 2022 commence sans grande différence avec la fin de 2021. Sur 11 sondages 2022 publiés au 14 janvier (d'ores et déjà un record), le total gauche se situe entre 24 et 27%. Un total qui n'est pas éloigné du résultat du premier tour de 2017 (Total 27,66%), et des sondages de janvier 2017 (seule la répartition entre les candidats avait évolué entre janvier et avril 2017 avec une inversion entre Hamon et Mélenchon).
- Seconde donnée, si tous les candidats annoncés, en capacité d'avoir les 500 parrainages, vont jusqu'au bout nous arriverons à 7 candidats (Arthaud, Poutou, Roussel, Mélenchon, Taubira, Hidalgo, Jadot), contre 4 en 2017, ou bien encore 5 en 2012.
- Le double phénomène: faible niveau de la gauche et pléthore de candidatures entraîne, en ce début de campagne, un troisième phénomène. Celui d’une forte proportion des électeurs de gauche qui souhaitent voir s'opérer des regroupements. Et cela d'autant plus qu'il apparaît que le score pour se qualifier au second tour risque de se situer vers 18%, contre plus de 21% en 2017.
Cette volonté d'une candidature commune est la motivation des organisateurs de la «Primaire populaire» (ICI). Avec un appel signé par plus de 300 000 internautes, dont 130 000 ont proposé des noms et plus de 120 000 personnes sont d'ores et déjà inscrites pour voter du 27 au 30 janvier. Cette « Primaire populaire» met le PS dans un grand embarras. Quelle en sera l'issue ?
D'autres appels invitent à la gauche, tout ou partie, à se rassembler. Il en est ainsi d'« adhérents cotisants du PCF» qui viennent de lancer une pétition (ICI ) pour demander à «rediscuter démocratiquement des choix (...) fait il y a 9 mois, comme cela est prévu par les statuts » et ils proposent de «s'engager, sous ses propres couleurs, dans l'Union Populaire, avec Jean-Luc Mélenchon !». D'autres initiatives, d'autres appels sont sans nul doute en gestation.
- Signe de cette situation, des maires annoncent quant à eux que, face à la division, ils n'apporteront leur parrainage à personne.
- Enfin si rien ne devait bouger dans les candidatures et les rapports de forces d'ici le 10 avril, si le second tour doit se jouer entre Macron/Pécresse et Le Pen, la prochaine étape, celle des législatives, sera un véritable chemin de croix pour la gauche. Les effets combinés de l'inversion du calendrier et de la dynamique de la défaite, peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la présence de la gauche à l'Assemblée. Le PCF a 11 sortants dont 7 qui n'avaient pas un candidat FI face à eux, le PS a encore 30 députés mais un score sous les 5% d'Anne Hidalgo pourrait enclencher un nouveau recul aux législatives. La FI va devoir batailler pour conserver ses 17 sortants. Des sortants d’autant plus fragilisés que peu ont une véritable assise locale. Une situation compliquée pour toutes les forces, cela d'autant plus qu'EELV n'a aucun.e député.e et fera tout pour en gagner, même sur le dos des partenaires...
Aux législatives, pour conserver des sièges et encore plus pour en gagner, pour la gauche dans son ensemble le chemin du rassemblement est le seul chemin possible. Et encore, il faudra réussir à mobiliser ou re-mobiliser des électeurs et électrices de gauche qui risquent d'être lassés de cette situation et peuvent très bien faire le choix d’une abstention sanction. A moins que…
A ce stade, ce 15 janvier, le seul signe d’espoir c’est que rien n’est définitivement figé. Tout peut encore bouger, et tout peut arriver. Enfin espérons le…
Robert Injey