Tout ça pour ça! 20 ans de guerre, des milliers de victimes civiles et militaires dont, pour l’armée française, 90 morts et 700 blessés. Des centaines de milliards de dollars versés pour tenter de donner l’apparence d’un État et d’une armée qui, à elle seule, aura reçu 88 milliards de dollars… Et il aura fallu simplement quelques jours, quelques heures pour que les Talibans reprennent le pouvoir.
En réalité la seule surprise ce n’est pas l’effondrement d’un régime fantoche et corrompu, c’est la vitesse avec laquelle il s’est effondré et son armée littéralement évaporée. Pour le reste, depuis le moment où les Etats Unis avaient engagé des négociations et signé un accord avec les Talibans, en février 2020, la seule question qui se posait était de savoir quand ceux-ci reprendraient le pouvoir . Fin 2000 les experts américains donnaient deux ans au régime pour céder face aux Talibans après le départ des troupes US. En définitive les Talibans ont repris le pouvoir avant même le retrait total des troupes US. C’est un terrible fiasco pour l’Empire US. Un fiasco qui illustre son incapacité endémique à créer les conditions de solutions politiques durables, en Afghanistan comme ailleurs dans le monde.
Et la France dans tout ça? Les gesticulations télévisées de Macron sont pitoyables. Là où Merkel, pour l’Allemagne, annonce sa volonté de rapatrier 10 000 Afghans menacés, là où le Canada annonce vouloir en accueillir 20 000, Macron nous livre une prestation télévisée d’un rare cynisme. Certes il assure le peuple afghan, et en particulier les femmes, du soutien de la France, mais il se garde bien de traduire cela en actes concrets. Pire, il se contente de préciser que l’effort de la France porterait sur des «dizaines de personnes encore sur place». Par contre il se précipite pour prévenir tout flux migratoire en assurant la mise en place «de collaboration avec les pays de transit et d'accueil». Nouvelle illustration du cynisme et de l’hypocrisie du Président français, aujourd’hui les pays qui vont devoir accueillir une nouvelle vague de réfugiés sont ceux là même qui en accueillent déjà, comme le Pakistan (1,4 million) où l’Iran (780 000).
Aujourd’hui il y a urgence. La seule chose à faire dans l’immédiat et dans les heures qui viennent, c’est de ne pas faillir, c’est de créer les conditions pour rapatrier les femmes et les hommes qui veulent fuir cet enfer et qui peuvent encore le faire.
En ces heures sombres pour le peuple afghan, n’en rajoutons pas et ne plongeons pas notre pays dans la honte en abandonnant sur place les Afghanes et les Afghans qui ont travaillé pour la France ou les ONG, et celles et ceux dont la vie est menacée par l’arrivée des Talibans au pouvoir.
Robert Injey