A l'annonce par le premier ministre de l’intégration des logements intermédiaires dans le calcul de la loi SRU, le premier adjoint de Christian Estrosi, Anthony Borré, chargé du logement et président de Côte d’Azur Habitat, n’a pas manqué de manifester sur X (exTwitter) son enthousiasme.
L’annonce du premier ministre, tout comme l’enthousiasme de M. Borré illustre leur profond mépris pour les 2,6 millions de familles qui sont en attente d’un logement social dans notre pays, dont 45 136 (1) dans notre département fin 2022.
Les conditions d’attribution d’un logement intermédiaire ne concernent, pour la Côte d’Azur (2), que les personnes justifiant un haut niveau de revenu. Ainsi pour un couple sans personne à charge il faut justifier d’un revenu fiscal de référence de 70 065 euros, soit des ressources mensuelles de près de 6500 euros!
Au plan national seuls 3 % des demandeurs de logements sociaux atteignent les plafonds fixés. 97% sont en dessous, et parfois très largement de ce niveau de revenu.
Dans ce contexte, l'annonce du premier ministre ne vise qu'à réduire la contrainte sur les maires qui ne remplissent pas les objectifs définis par la loi SRU. De ce point de vue, la ville de Nice est très en deçà des objectifs et on comprend mieux l'enthousiasme de M. Borré pour tenter de masquer la carence de production de logements sociaux sur la ville et la Métropole.
Quelques chiffres (1) suffisent à illustrer l’ampleur de cette carence:
-Demandeurs de logements sociaux dans les Alpes-Maritimes fin 2022: 45136 dont 24000 sur le périmètre de la Métropole Nice Côte d’Azur.
-Logements livrés par Côte d’Azur habitat en 2022: 143 logements
-Logements sortis du patrimoine de Côte d’Azur Habitat (Vente, déconstruction…): 72
-Solde net de nouveaux logements en location : 71…
-Prévision pour les années 2023-2024-2025: 360 logements sans compter les logements qui vont être sortis du patrimoine.
A ce rythme là, il faudrait des siècles pour répondre à la demande de logements sociaux.
Souvent les uns et les autres se cachent derrière le manque de foncier. Dans une ville qui compte 33000 logements vacants (autant que de logements sociaux) les opportunités ne manquent pas pour réquisitionner, préempter. En réalité, un seul élément manque: la volonté politique!
C’est le manque de volonté politique, le refus de réquisitionner, de préempter ou bien encore d’encadrer les loyers qui creuse la crise du logement dans notre département et favorise la spéculation immobilière.
Christian Estrosi et son premier adjoint portent une grande responsabilité dans la situation actuelle.
Robert Injey
(1): Chiffres du rapport d’Activité 2022 de Côte d’Azur Habitat publié en juin 2023.
(2): Il existe 3 zones; La Côte d’Azur est au même niveau de revenu que Paris par exemple. Pour les 3 zones pour couple sans personne à charge il faut justifier d’un revenu fiscal de référence qui va de 42 333 euros (Zone C) à 70 065 euros (Zone A comprenant la Côte d’Azur)