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Il y a soixante neuf ans notre pays, notre région, notre département, notre ville se libéraient.
Cette libération fut, à Nice, le fait de la Résistance elle-même.
Elle marquait la fin de quatre années d’occupation par les troupes italiennes puis allemandes.
Quatre années terribles pour une population soumise à toutes les privations physiques et morales.
Quatre années terribles, avec une répression de l’occupant contre contre la population juive et la Résistances.
Juifs, résistants ou simples otage, ils furent près de 4000 envoyés en déportation, l'immense majorité ne reviendra pas.
Une répression qui, après les débarquements en Normandie et en Provence, s’accélère en cet été 44.
Le 11 juin, à St Julien du Verdon, des lycéens du lycée Masséna sont fusillés.
Le 7 juillet Torrin et Grassi, du village de Gattières, sont assassinés et pendus en public à Nice.
Le 11 juillet Max, le fils de Virgile Barel, est torturé et assassiné par Klaus Barbie.
Le 12 août, les fascistes et l'occupant fusillent 15 résistants italiens et français à Sospel.
Le 15 août, l'occupant et la milice exécutent 10 résistants à Cannes et 21 à l'Ariane à Nice.
La liste est encore longue.
C'est dans ce climat de répression, mais aussi d'espoir d’une victoire contre le nazisme, que ce décide et s'engage la libération de Nice.
Une libération qui prit naissance dans ce quartier du Passage à Niveau où fut lancé l’appel au combat.
Ici ont éclaté les premiers coups de feu donnant le signal d’insurrection.
Ce jour de deuil et de lumière était depuis longtemps préparé activement.
Depuis cinq ans les communistes sont dans la clandestinité.
Depuis quatre ans, les libertés conquises de haute lutte par le peuple sont supprimées par Vichy.
Mais la résistance s’organise et ne cesse de croître.
Depuis le débarquement en Provence, la population niçoise attend avec impatience la libération de sa ville.
Dès le 15 août, l’UD-CGT décide le principe de la grève insurrectionnelle dans les entreprises. Rapidement la grève devient effective. Ce sont des journées de fièvre au cours desquelles l’insurrection se prépare.
Le 24 Août, le comité insurrectionnel est crée.
Il rassemble FTPF, milices patriotiques, militants communistes. Le 24 Août, également, se forme un comité d’action FFI de Nice.
Un appel est lancé à la population.
Les mouvements des jeunes multiplient leurs appels.
Le 27 Août, une réunion décisive du comité insurrectionnel a lieu au palais Stella : l’ennemi est affaibli, américains, FTPF et FFI sont sur le Var, la population est acquise à la résistance dans sa quasi unanimité.
L’insurrection est décidée pour le 28 Août.
Ce 28 Août 1944, à 6h30, le groupe 6 de la 16e compagnie FTPF à laquelle se sont joints les membres des milices patriotiques de Nice-Nord ouvre le feu sur l’occupant et donne ainsi le signal de l’insurrection générale.
Les combats gagneront toute la ville.
Jusqu’à la nuit.
Jusqu’au départ des allemands.
Il serait trop long, dans cette allocution, de retracer les innombrables actes héroïques qui ont émaillé cette journée du 28 Août 1944.
Le 28 Août est un moment de fierté et de souvenir devant la détermination de nos aînés. Cet engagement, 31 d’entre eux l’ont payé de leur vie.
Soixante neuf ans après la Libération, nous n'oublions pas!
Nous n'oublions pas où nous mènent les idéologies qui prônent l’exclusion et le racisme.
Nous n'oublions pas leur sacrifice pour la liberté.
Se retourner sur notre Histoire permet de mieux voir où on va.
Notre devoir de mémoire est de faire vivre au quotidien, dans notre temps, dans le combat et dans le partage, l’esprit de la Résistance.
Dans cet affrontement terrible de l’histoire de l’humanité, face à la terrible entreprise de destruction et de mort, des femmes et des hommes, des jeunes ont levé la tête, déterminés à ne pas subir l'histoire, mais à la faire.
En 1944, la France est exsangue, pourtant l'’heure est aux lois sociales!
Dans un pays dévasté, il faut reconstruire. Mais cette reconstruction n’est pas séparée des grandes conquêtes sociales nées de l’esprit de la Résistance.
Car la lutte contre le fascisme, contre l'oppression se renforce d'un combat pour l'émancipation humaine.
Et il n'y a pas d'émancipation humaine possible sans la justice et le progrès social, c'est tout le sens du programme du Conseil National de la Résistance
Ces grandes réformes façonneront notre société.
Mais ces grandes reformes sont sans cesse remise en cause par la droite, le Medef et les marchés financiers.
Il y a quelques années, un porte parole du MEDEF écrivait :
« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (...) Il est grand temps de le réformer, (...) La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Aujourd'hui encore cette volonté de destruction méthodique est la même. Rien d'étonnant, le discours que nous entendons aujourd'hui sur le coût du travail, est le même que celui qu'utilisaient les propriétaires des champs de coton dans les états du sud des USA qui s'opposaient à l'abrogation de l'esclavage.
Les mêmes arguments que les patrons qui s'opposaient à l'interdiction du travail des enfants, à la journée de 8 heures ou bien encore au repos le dimanche.
Les mêmes larmes de crocodiles quand il s'agit de partager les richesses.
La même haine qui poussa certains pendant la Commune de paris à se féliciter de l’occupation prussienne ou dans les années 30 à déclarer préférer Hitler que le Front populaire.
Hier comme aujourd'hui les valeurs de la Résistance nous guident.
Hier comme aujourd'hui le combat pour l'émancipation humaine est d'une cruciale actualité.
Et nous partageons plus que jamais l’ambition qu’affichait explicitement le programme du CNR, celle d’instaurer un ordre social plus juste. (…)
Robert INJEY
Conseiller municipal du Nice