La multiplication des drames en Méditerranée ne doit rien à la fatalité.
C'est la conséquence des logiques de guerre que les pays occidentaux (les USA en Irak, la France en Libye...) n'ont cessé de faire prévaloir. Bafouant le droit international, tournant le dos à l'ONU, depuis 15 ans les va-t-en-guerre ont bombardé sans jamais s'interroger sur l'après. Sur les champs de ruines marqués par la quasi-disparition des structures étatiques, Daesch et d'autres ont pris le contrôle de territoires entiers, captant les richesses pétrolières et poussant à l'exode des millions de réfugiés. Les pays de la région qui ont des frontières directes avec les zones de conflits connaissent depuis des années une flux important de ces réfugiés. Plus d'un million en Tunisie, autant au Liban, et près d'un million Jordanie. Trois millions de réfugiés pour des pays dont la population cumulée ne n'atteint par 25 millions. Loin des déclarations politiciennes et des discours alarmistes sur une « invasion », il faut relativiser le nombre de 170 000 personnes réfugiées en Europe en 2014 ; cela rend plus insupportable la multiplication des naufrages en mer Méditerrané.
La décision de l'UE de mettre fin au dispositif italien (Mare nostrum ) dont les bateaux allaient jusqu'à l'approche des côtes africaines, par un simple dispositif Frontex de surveillance des côtes européennes, a donné l'illusion que le renforcement des mesures de sécurité était la solution. Il n'en est rien. Bien au contraire, cela a ouvert la voie aux naufrages à répétition en pleine mer.
La lutte, nécessaire, contre les réseaux mafieux ne doit pas faire oublier que nous sommes devant une immigration de survie face aux ravages de la guerre et de ses conséquences (famine...)...
Une situation qui amène l'Italie et la Grèce à intervenir. Alexis Tsipras vient d'exhorter les gouvernements de l'UE à définir immédiatement un plan cohérent pour faire face à la crise humanitaire à laquelle nous sommes confrontés.
Ce qui se passe aujourd'hui en Méditerranée est l'illustration d'une carence politique européenne.
C'est avec raison que la députée Européenne Marie Christine Vergiat a déclaré : « Il ne suffit pas de s'émouvoir à chaque naufrage, il faut agir pour stopper l'hécatombe.
Combien notamment de Syriens, d'Erythréens, de Soudanais, de Somaliens, tous des demandeurs d'asile potentiels, devront encore perdre la vie avant que les gouvernements des États membres de l'UE respectent enfin leurs obligations internationales, au moins en matière de sauvetage en mer et d'accueil des réfugiés, et se décident à changer de politiques migratoires. »
Aujourd'hui l'ampleur de la crise exige sans doute la mise en place d'une conférence internationale sous l'égide de l'ONU.