Plus de 2,8 millions d’électeurs de droite et du centre viennent de designer leur champion. Par un mécanisme institutionnel, devenu une véritable machine infernale, celui-ci risque d’être le prochain Président de la République avec, élue à sa suite, une très confortable majorité parlementaire. Ainsi la Ve République est devenue ce monstre « démocratique », où le chef de l’État, un de ceux qui a le plus de pouvoir au monde, est de fait « désigné » par 5% à 7% du corps électoral. Et cela sans contre-pouvoir, puisque avec l’inversion du calendrier, l’Assemblée National n’est devenue qu’une chambre d’enregistrement.
Certains se félicitent de ce « grand progrès ». En réalité, avec les réformes institutionnelles successives et l’arrivée des primaires, notre République est une bombe démocratique à retardement. Une République de moins en moins représentative, de plus en plus d’un présidentialisme absolu.
Cette dérive de notre démocratie, favorise l'éparpillement de celles et ceux qui aspirent à autre chose. Du refus de cette logique, au sentiment que « de toute manière on y peut rien », sans parler du dégoût que peut renvoyer le spectacle d’une « gauche » aux affaires depuis près de cinq ans, il y a mille et une raisons qui rendent le scénario Fillon/Le Pen inéluctable.
Dans ce contexte, la décision majoritaire des communistes d’appeler à voter pour Jean-Luc Mélenchon, est un signe d’espoir. Tout en conservant leur autonomie, critique et constructive, et œuvrant pour un rassemblement plus large, les communistes viennent de faire un pas significatif. Et, sans être d’accord sur tout, nous partageons avec J.-L. Mélenchon cette volonté d’en finir avec la Ve.
Robert Injey
(Édito du patriote Côte d'Azur daté du 2 au 9 décembre 2016)