Les communistes ont placé en tête le texte «Le Manifeste» avec une majorité très relative (12 719 voix soit 42,14% des exprimés et 25,83 % des 49 231 communistes à jour de leurs cotisations).
Ce texte, qui est devenu notre base commune, beaucoup le découvrent aujourd’hui (même parmi celles et ceux qui ont voté pour) avec une lecture plus attentive.
Passé le temps du réflexe « dégagiste » d’un coté contre l’actuelle direction, de l’autre coté contre Mélenchon et le besoin de se rassurer autour d’une forte personnalité communiste, vient le moment de s’intéresser au texte.
Et là beaucoup de nos camarades sont en train de découvrir les reculs, les incohérences mais aussi les angles morts de ce texte.
Deux exemples
A quelques mois d’une élection importante, les Européennes, si la base commune parle de constat partagé sur l’Europe (page 15 ligne 54) c’est pour dire aussitôt «Mais nous avons des différences sur la façon d’en finir avec cette construction» (ligne 55) et d’enfoncer le clou « si nous ne pouvons sans doute pas trancher ces questions (cf sur l’Europe) au prochain congrès...» (page 16 ligne 34). Près de 25 ans après le référendum sur Maastricht, la base commune adoptée n'est pas capable d'avoir une position claire sur ce que nous proposons pour l'Europe...
Autre exemple, tout aussi significatif, à l'exception de l'idée : s'il n'y a pas une tête de liste communiste aux européennes cela « aurait de graves conséquences aux élections municipales » (ce qui est très discutable), ces dernières ne sont pas abordées dans le texte. Quelles ambitions ? quels rassemblements pour les municipales de 2020 ? les départementales et les régionales de 2021? Ces questions sont absentes de ce texte alors même que des discussions s'engagent d'ores et déjà sur plusieurs territoires avec le …PS. Loin des prétentions du texte sur « mettre un terme à notre effacement », nous sommes déjà prêts à nous effacer, pour quelques places, lors des prochaines échéances avec un partenaire que viennent de quitter les derniers éléments de son aile gauche...
Indécision sur l’Europe, silence sur les échéances de 2020 et de 2021, le tout accompagné d’une volonté de faire porter la responsabilité aux autres (un coup sur Mélenchon, un coup sur la direction nationale) sans jamais oser la moindre autocritique.
Il en est ainsi, par exemple, de notre proposition de «sécurité d'emploi et de formation» que nous portons depuis plusieurs décennies, sous la direction de 4 secrétaires nationaux différents, sans que cela imprègne la société. La faute à qui ? Aux autres !?
Au final comme beaucoup de camarades je constate que ce texte est difficilement amendable. J’ai entendu des rédacteurs de ce texte dirent de celui-ci qu'il donnait un sens et que s'il pouvait être amélioré à la marge, le sens ne devait pas être modifié.
Je pense profondément que ce « sens » est un profond recul et pose problème à une majorité de communistes. Non seulement aux plus de 57 % des votants qui n'ont pas fait ce choix, mais aussi à une majorité des plus de 18 000 communistes qui n'ont pas participé au vote.
Dans le cadre du débat je ferai des amendements et des motions. Mais ne partageant pas le sens général de ce texte, au final je voterai contre ce texte même amendé.
Pour faire accord avec une majorité de communistes c’est un tout autre texte qui doit sortir du congrès.
Les communistes ont encore la liberté d'en décider…
Robert Injey