Je suis d’accord avec Francis Wurtz
Dans une récente déclaration, Francis Wurtz donne son point de vue sur les textes soumis aux votes des communistes.
«Pour la première fois, je ne peux malheureusement pas valider le projet de base commune (...) par le Conseil national. L'une de mes critiques à ce texte est qu’il confirme une stratégie dont l’étroitesse me paraît préjudiciable au parti (je pense notamment à notre élimination- sans précédent - du Parlement européen) et dangereuse pour le pays ( je pense au cavalier seul à l'élection présidentielle malgré le désormais vrai risque de Le Pen)
A l'inverse, je me retrouve dans Urgence de Communisme en particulier sur le plan de la stratégie (...) sur la conception du rassemblement («dans la poursuite du nom de gauche au TCE en 2005») (...) me paraît en adéquation avec les enjeux de notre époque»
Je suis totalement en phase avec cette appréciation. Et nous pourrions élargir le constat. Comme beaucoup de communistes, je suis attaché à notre organisation et à son renforcement. Or le bilan, depuis le dernier congrès, n'est pas brillant. On cherchera en vain une appréciation sur cette question dans le texte adopté par le Conseil national.
Loin de l’autosatisfaction en vogue chez certains camarades, nous sommes nombreux à ne pas ressentir de dynamique sur le terrain. Cela est confirmé par des indicateurs qui devraient nous alerter.
Il faut, pour trouver ces éléments, se plonger dans quelques rapports internes ou dans les débats du CN. On y apprend ainsi:
Sur 1333 sections «nombre d’entre elles n’ont plus d’existence, d’animation, de vie. Plus de 200 d’entre elles ont moins de 5 cotisants et près de 400 moins de 10. ».
Sur l’évolution du nombre de cotisants «Nous connaissons une érosion continue depuis plusieurs années de 42 056 à 39 112 cotisants (2021) ». Et l’année 2022 n’est pas brillante. Malgré le fait que c’est une année de forte mobilisation liée aux élections présidentielle et législatives au 19 novembre 2022: 31 900 cotisants…
Sur les adhésions, le silence radio du côté de la direction nationale est révélateur. A la Fête de l’Huma ce sont seulement une centaine d’adhésions réalisées. 10 fois moins que les fêtes précédentes. Et ne parlons pas des départs, pour ma seule section 5 lettres de démissions, dont 4 actifs…
La situation financière des fédérations elle aussi est dramatique : «71 fédérations ne reversent que partiellement ou pas du tout le 1/3 de la cotisation à leur section».
Européennes, présidentielle, orga…une évidence s'impose, l'orientation du 38ème congrès est un échec. Des camarades prétendaient lutter contre l'effacement du Parti, dans les faits ils sont en train de le rendre inutile aux yeux de millions de nos concitoyens.
Alors quelques camarades à défaut de regarder la réalité en face, s’enfoncent dans le déni. Et puisqu’il faut bien trouver une explication aux mauvais résultats, il faut trouver des coupables.
Quand ce n’est pas la faute à Mélenchon, à la FI ou bien encore à la NUPES, immanquablement c’est la faute aux traîtres, et aux liquidateurs… Vieille technique pour éviter de poser les problèmes, on cherche des coupables expiatoires.
Le risque est grand que notre congrès ne se traduise par la transformation, définitive, de notre parti, en une écurie présidentielle autour d’un leader.
Nous sommes happés dans la dérive de nos institutions, que nous n’avons cessé de critiquer. Nous cédons totalement à l’illusion de la «popularité» et du buzz médiatique.
Le corollaire de cette transformation c’est que nous ne sommes plus un Parti où le collectif l'emporte, où la réflexion s'enrichit de la diversité, nous devenons un Fan club.
C’est cette logique là qui mènera de fait à la liquidation, à la disparition du Parti communiste comme collectif humain participant à la transformation de notre société.
Robert Injey