Geneviève et la liberté de manifester

La charge qui a valu de graves blessures à Geneviève Legay, tout comme l’acharnement persistant contre les citoyens solidaires dans la Roya, illustrent que les autorités locales, préfet en tête, appliquent avec zèle la volonté d’imposer une chape de plomb à l’encontre de celles et ceux qui remettent en cause l’ordre établi.

Avec la plainte déposée par les filles de Geneviève s’ouvre la séquence juridique qui, de fait, est très politique. Il s’agit, ni plus ni moins, de la liberté de manifester et au-delà, de l’interprétation de la notion de trouble à l’ordre public. Une interprétation que le pouvoir veut de plus en plus large avec la volonté de remettre en cause le droit de manifester en le restreignant au maximum. L’inhabituelle précipitation des pouvoirs (président procureur, maire) à souhaiter un « prompt rétablissement » illustre que les terribles images diffusées par les médias et les réseaux sociaux ébranlent le discours sécuritaire en vogue et souligne la réalité des violences policières. Quant aux déclarations de Macron, elles illustrent, une nouvelle fois, l’arrogance et le profond mépris de classe qui anime le président. Ce qui s’est passé, ce 23 mars à Nice sur la place Garibaldi, ébranle l’argumentaire gouvernemental. Dans le cas présent, pas de casseurs, seulement des gens qui, pacifiquement, à l’image des citoyens solidaires, veulent agir pour le bien commun.

Maintenant, face à l’appareil d’État, la phase judiciaire qui va s’ouvrir risque d’être très longue. Une fois que les projecteurs de l’actualité seront braqués sur autre chose, Geneviève et ses proches auront plus que jamais besoin de notre soutien.

Robert Injey