La tentation est grande pour certains de dessiner d’ores et déjà «le jour d’après». Bien sûr pas pour tenir compte des erreurs et changer de cap pour avancer vers plus de justice sociale. Bien au contraire, la crise est utilisée par ces gens-là pour aller toujours plus loin dans la remise en cause des avancées sociales et dans le recul de civilisation. Avec cynisme la direction du CHU de Nice vient de nous donner un triste exemple du monde d’après dont ils rêvent. Celui-ci a, dans le cas présent, la forme d’un contrat de travail pour «surcroît occasionnel d’activité». On peut y lire que l’agent pourra être amené à «réaliser des missions au CHU, sur la base du volontariat (!) sans que le CHU ne s’engage sur la réalisation effective de jours de travail ou d’un volume de travail…». Un contrat zéro heure en quelque sorte. Et dans le même temps, l’agent devra demander l’autorisation pour exercer une autre activité.
Et, cerise sur le gâteau, « en cas de congés rémunérés pour accident du travail ou maladie professionnelle le directeur du CHU peut récupérer les prestations journalières versées à l’agent»…
Ah, le monde merveilleux que voilà!
La crise sanitaire est prétexte pour casser un peu plus le code du travail et en revenir ni plus ni moins au XIXème siècle et aux tâcherons .
Si nous n’y prenons garde le monde d’après qu’ils nous préparent (et qu’ils nous préparaient déjà avant le confinement), c’est celui d’une profonde régression sociale.
Aucune illusion sur les prédateurs de la grande finance qui, par Président interposé, tiennent les rênes du pouvoir. Contraints par la crise à répondre à l’urgence, ils n’auront de cesse de retrouver au plus vite des taux de profit à deux chiffres. Le combat «le jour d’après» sera rude.
Ils n’ont pas l’intention de lâcher quoi que ce soit. Progrès et justice sociale, préservation de la planète, démocratie….il faudra aller arracher nous-mêmes les mesures pour que le monde de demain soit plus juste que celui d’hier.
Robert Injey