Lundi 23 novembre en soirée des centaines de réfugiés, Afghans pour l’essentiel, et les militants des associations qui les accompagnaient ont été expulsés avec une grande violence de la place de la République à Paris. Les images ont choqué, obligeant le ministre de l’intérieur à s’exprimer et à demander un rapport à l’IGPN. Cela ne manque pas d’ironie, quelques jours après le début de la discussion parlementaire sur la loi de sécurité globale, et en particulier son article 24 voulant interdire la diffusion d’images de la police. C’est grâce à ces images, que le gouvernement voudrait interdire demain, que le scandale a été rendu public.
Sans nul doute, après la publication du rapport de l’IGPN, le pouvoir ne manquera pas de trouver un ou deux fusibles qui auraient outrepassé les consignes et qui porteront toute la responsabilité de l’affaire. En réalité ce n’est que le reflet de ce qui se passe depuis des mois et des années, lors des mouvements des gilets jaunes, et lors des mobilisations sociales. Cette logique n’est pas celle du maintien de l’ordre et de la paix publique, mais une volonté d’aller à la confrontation avec celles et ceux qui contestent les choix du gouvernement. Cette logique est incarnée, jusqu’à la caricature, par le Préfet Lallement, et validée par le ministère de l’intérieur.
Concernant les Réfugiés, voilà des semaines que les forces de l’ordre les chassent d’un endroit à l’autre, les empêchent de se poser quelque part. Camps démantelés, réfugiés encadrés toute une nuit pour ne pas qu’ils puissent s’installer sous un pont, un terrain vague, un trottoir. Cette situation est le reflet de la politique indigne de la France à l’égard des Réfugiés. Peu ou pas de structures d’accueil dignes dans la 6e puissance du monde. Une situation tellement honteuse que deux ministres, celles de la Citoyenneté et du Logement, ont souhaité rappeler « que les migrants sont des personnes qui doivent être traitées avec humanité et fraternité ». Il serait temps !
Et les propositions en la matière ne manquent pas, depuis des années elles ont déjà été formulées, que ce soit au plan national ou dans les Alpes-Maritimes.
Comble du cynisme à l’heure où la police chargeait les réfugiés afghans place de la République, les Etats-Unis oeuvrent au retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan (Accord de Doha du 29 février 2020) .
Robert Injey