Nous y sommes. Alors même que nos compatriotes sont préoccupés par la Covid-19 et ses conséquences sociales dramatiques, la grande saga pour la présidentielle de 2022 a commencé.
En annonçant dimanche dernier sa candidature et fort du soutien de plus de 150 000 personnes, Jean Luc Mélenchon est le premier, à gauche, à occuper l’espace, se prévalant d’une certaine légitimité. Il n’est pas le seul. Ainsi, les écologistes, bien tentés de surfer sur la vague qui leur a permis de gagner plusieurs grandes villes lors des municipales. Les communistes ont décidé au dernier congrès de « travailler à créer les conditions d’une candidature communiste à l’élection présidentielle de 2022 ». Reste à définir ce que sont ces conditions. Il y a enfin les socialistes qui envisagent difficilement d’être absents de cette échéance. Sans parler des offres de services d’un François Hollande à qui personne n’a rien demandé. Voilà où nous en sommes au mois de novembre 2020, dix-huit mois avant le scrutin et dans un contexte sanitaire peu favorable qui bouscule totalement le calendrier : les Départementales et les Régionales sont repoussées en juin 2021.
Une bonne nouvelle, soyons rassurés de ce côté là, la gauche ne manque pas d’hommes (surtout) et de femmes (bien moins) pour être candidat.e.s. En réalité c’est la seule « bonne nouvelle ». Pour le reste, difficile de se réjouir.
Difficile de se réjouir de la réalité électorale de notre pays. Deux chiffres : en 1981 au soir du premier tour le total gauche s’élevait à 50,70%. Au soir du premier tour en 2017 elle pointait péniblement à 27,70%. Et les quelques sondages pour 2022 ne donnent pour l’instant que des résultats en-deçà.
Difficile de se réjouir dans ce contexte d’une multitude d’annonces qui, si elles devaient se concrétiser, aboutiraient automatiquement à l’élimination de la gauche au second tour, ouvrant la voie ainsi à un second mandat de Macron ou de son clone version LR, et ayons conscience qu’il y a toujours un risque RN. Cinq années de plus de ce type de politique seraient une catastrophe pour notre pays et son modèle social. Cinq années de plus de casse de nos services publics, de précarisations généralisées, de régression sur nos libertés, de marchandisation de la santé, de l’école… Cinq années qui permettent à la droite de réaliser son vieux rêve et celui du patronat : détricoter totalement les conquis sociaux arrachés dans notre pays depuis plus d’un siècle.
Voilà ce qui se joue en 2022.
Robert Injey