100 ans ! C’est un bel âge pour une force politique, surtout à l’heure où le zapping des étiquettes dans la vie politique française est une constante. Nous sommes trop souvent habitués aux changements fréquents de dénominations des partis politiques. Le plus bel exemple est sans doute celui de la famille gaulliste qui, en moins de 75 ans, sera passée du « RPF », à l’« UNR », puis à l’« UDR », puis le « RPR », qui s’est fondu dans l’« UMP » avant de devenir « Les Républicains » ! Ouf ! Une folle valse des étiquettes, sans doute pour donner l’illusion du neuf, quand en fin de compte c’est la même politique qui est appliquée, toujours au service des puissances de l’argent.
Changer de nom ? La question depuis 30 ans a souvent été posée aux communistes. Certains, dans d’autres pays, l’ont fait. Mais en réalité cela a, souvent, accompagné un renoncement ; l’exemple du PCI est le plus marquant. Au final le choix de le garder c’est tout à la fois la volonté d’assumer une histoire et de ne pas rompre avec les combats portés pour l’émancipation humaine. D’ailleurs pourquoi abandonner un nom qui est profondément inscrit dans l’histoire de France, bien avant le congrès de Tours ?
Les racines du Parti Communiste Français plongent profondément dans l’histoire de notre pays et, au-delà, elles trouvent leurs origines dans les combats, millénaires, pour l’émancipation humaine face à la tyrannie, à la barbarie, pour dénoncer et lutter contre les injustices. C’est un combat qui traverse les siècles et qui continuera à les traverser. C’est le combat de celles et ceux qui privilégient le commun sur la cupidité des intérêts particuliers.
C’est un combat permanent, incessant et à l’image de ce que disait Ambroise Croizat : « Ne parlez pas d’acquis sociaux, mais de conquis sociaux, parce que le patronat ne désarme jamais. »
100 ans d’engagements
100 ans d’histoire, bien évidemment tout n’a pas été parfait. Des erreurs, des retards, font partie de cette histoire. Mais il y a une permanence de l’engagement pour la solidarité internationale, le progrès social, la justice, la paix. Là où d’autres ont cédé aux sirènes du renoncement et jeté aux oubliettes toute volonté de transformer la société, le PCF, tout au long de son histoire, aura tenté de le faire. C’est ce à quoi il œuvre toujours, dans les conditions ô combien difficiles de la France d’aujourd’hui, où les forces de gauche n’auront jamais été aussi faibles !
Fêter un centenaire c’est un moment délicat. Par la force des choses il y a le regard que l’on porte sur son histoire, avec un peu de nostalgie sur la période quand nous étions « plus jeunes et plus forts...».
Fêter un centenaire pour une force politique c’est, immanquablement, se poser la question : « Et maintenant ? » Le PCF, très souvent donné pour mort depuis 30 ans, existe toujours bel et bien, c’est une construction humaine et donc comme toute construction humaine elle est imparfaite et ne saurait être éternelle. Les prochaines générations décideront, en fonction des circonstances, comment ils devront poursuivre ce combat pour l’émancipation. Celui-ci a commencé bien avant la création du Parti communiste, il se poursuivra bien après. La seule chose qu’on peut souhaiter à ces femmes et ces hommes c’est d’avoir la détermination et l’ambition de porter ce combat, car au-delà de la forme et du nom, le plus important ce sont les idées qu’elles et ils porteront, les combats qu’elles et ils mèneront.
De ce point de vue, les dizaines de milliers, les centaines de milliers de femmes et d’hommes qui auront fait partie et font partie de cette grande famille communiste à un moment donné de leur vie, peuvent être fiers des combats menés. Ils auront contribué à façonner la France du XXe siècle, celle-là même que le patronat n’a de cesse de vouloir remettre en cause depuis des décennies. Le Parti Communiste Français aura profondément marqué l’histoire politique et sociale du XXe siècle, permettant aux couches populaires d’être partie prenante de la vie politique du pays, jusque là domaine réservé de la bourgeoisie.
Indissociable des grandes avancées sociales.
Il aura à des moments charnières su créer les conditions et contribuer activement à bousculer l’histoire de notre pays. Les plus grandes périodes de progrès social de ce pays : 1936, 1944, 1981 doivent beaucoup aux communistes. Le choix du rassemblement, dès 1934, pendant la Résistance, et dans les années 60, qui devait aboutir au programme commun, a profondément marqué l’histoire de ce pays.
S’ il ne fallait retenir qu’un enseignement de ce siècle, c’est qu’il est assez remarquable de constater qu’à chaque fois que le Parti Communiste Français a été moteur pour l’unité et pour le rassemblement cela a été utile à notre peuple. Certes, là encore rien n’est acquis et à chaque fois il s’est trouvé des forces pour mettre, rapidement, un terme à ces moments de profondes avancées (1938, 1947, 1983…). Mais les avancées et les conquis sociaux sont là, et à chaque fois il faudra des décennies à la droite et au patronat pour revenir dessus.
C’est dans ces périodes- là, d’ailleurs, que le PCF s’est sensiblement renforcé. Son avenir comme force active pour l’émancipation humaine ne passera pas par un quelconque repliement sur soi, ou des incantations nostalgiques mais par un véritable déploiement offensif pour contribuer, avec d’autres, à rassembler toutes celles et tous ceux qui subissent les conséquences de la domination capitaliste et aspirent à vivre autrement. « Un autre monde est possible » scandaient les altermondialistes. Oui il est possible, mais pour trouver les chemins pour y parvenir c’est un combat de tous les instants. Depuis un siècle le PCF y consacre son énergie et il n’y a aucune raison que cela s’arrête...
Robert Injey