Le débat est assez surréaliste autour de la destruction du TNN et d’Acropolis. Le maire a le projet de les détruire pour édifier ailleurs. Son opposition lui conteste ce choix en avançant des arguments parfois fondés (le coût de l’opération) et parfois un peu tirés par les cheveux comme la proposition d'Éric Ciotti, de faire classer les deux bâtiments au titre des monuments historiques.
En réalité, les uns et les autres, et même le maire de Nice qui ne l’évoque jamais dans ses motivations, n’ont sans doute pas pris la mesure que nous entrons dans une période très différente, celle marquée par le réchauffement climatique, où il ne faut plus réfléchir comme avant.
Les uns et les autres ont oublié un acteur majeur dans cette affaire: le Paillon.
Les uns et les autres ont oublié ce qui s’est passé avec la tempête Alex. Un épisode Méditerranée sur les bassins versant de la Tinée, la Vésubie et la Roya ont eu des effets dévastateurs, sans commune mesure avec ce que nous avons pu connaître de mémoire humaine.
En parlant de mémoire, il est dommage que la crue du Paillon du 17 novembre 1940 (cf photo) à Nice se soit effacée de la mémoire collective. Ce jour-là l'inondation gagna le secteur entre Jean Médecin et Carabacel. Depuis le Paillon a été totalement couvert depuis le Palais des Expositions.
Demain, sous les effets du réchauffement climatique, les épisodes Méditerranéens vont gagner en fréquence et en intensité. Imaginons si un tel évènement se concentre sur les bassins versants des Paillons ??
La question aujourd’hui n’est donc pas de savoir s'il faut détruire le TNN et Acropolis. La question est qu’il y a urgence à déconstruire tout ce que, inconscients, nous avons pu édifier sur le Paillon. Lycée, Palais des Expo, Bibliothèque, Mamac, Acropolis, TNN, demain face à une crue majeure du Paillon tout cela sera saccagé par le Paillon, et ils constitueront autant d'obstacles à l'écoulement des flots et des matériaux entraînés (troncs d’arbres, rochers, voitures…) qui, bloqués pour s’écouler vers la mer, vont se déverser dans les rues du quartier Carabacel, comme en 1940, mais aussi de Riquier et du Vieux Nice.
Il va falloir vivre avec des risques sans commune mesure avec ce que nous avons pu connaître lors des siècles écoulés. Et pour cela il faut ANTICIPER pour le siècle à venir. La déconstruction des bâtiments édifiés sur le Paillon participe de cette anticipation.
Robert Injey