Retraites: Un choix de société

Le président, le gouvernement et une flopée de parlementaires de la (relative) majorité présidentielle s'activent sur tous les plateaux télés pour tenter d’expliquer et de justifier. Ils sont relayés par des chroniqueurs et autres experts qui, à coup de chiffres et de tableaux, cherchent à nous faire peur sur la dette, abyssale, qui se profilerait dès 2026 pour notre système de  retraites. Des sommes à donner le tournis à celles et ceux qui n’ont jamais plus de 3 ou 4 chiffres  sur leur compte courant ou leur livret A. Alors, imaginez quand il s’agit d'annonces avec 11 ou 12 chiffres! Insuffler la peur est au cœur de la stratégie du gouvernement. «Il faut équilibrer», «ne pas dépenser plus que nous ne le pouvons», «Ne pas hypothéquer l’avenir de nos enfants»… 

La liste est longue des mantras qu’ils nous assènent.   

Mais de quoi parle-t-on ? Le gouvernement annonce que, sans réforme, la dette du système des retraites serait de 13 milliards en 2030. 

13 milliards ???  

Cela est à mettre en parallèle avec ce que l’on peut lire dans le supplément bourse du Figaro ces derniers jours :  «Les actionnaires des entreprises du CAC 40 se frottent les mains. Ils ont perçu en 2022, 56,5 milliards d’euros de dividendes, auxquels s’ajoutent 23,7 milliards d’euros de rachats d’actions, soit au total 80,1 milliards d’euros et un nouveau record historique (...). Ce montant est en hausse de 15,5% par rapport au précédent record établi un an plus tôt. Les rachats d’actions sont restés pratiquement stables à 23,7 milliards d’euros (...). En revanche, les dividendes ont fait un bond de 23% à 56,7 milliards d’euros.» . 

Et le CAC 40 ne représente qu’une partie des dividendes, ceux versés par les 40 entreprises représentant les plus fortes capitalisations boursières. L’ensemble des dividendes versés aux actionnaires représente, lui,  259 milliards d’euros (2021)

Autre point de repère: l’aide publique aux entreprises: 256 milliards d’euros (2021), ou bien encore le CICE (20 milliards). 

Au regard de ces chiffres, les 13 milliards de déficit annoncé sont bien peu de choses. 

Des solutions existent pour financer notre système de retraites et même pour financer une réforme audacieuse avec l’abaissement de l'âge de départ à 60 ans, l’augmentation des pensions… La CGT, par exemple, chiffre les recettes nouvelles à 70 milliards et les dépenses nouvelles à 40 milliards. Une réforme largement à l’équilibre. Une réforme qui traduit un choix de société. Une réforme progressiste qui effraie les puissances de l’argent et leur cupidité.